Dominique Depriester, conseiller élu à l’AFE pour l’Italie et moi-même arrivons le 19 janvier à Palerme.
Jeudi 20 janvier
En l’absence du consul honoraire, retenu, nous rendons visite le matin à notre antenne consulaire, via Principe di Belmonte, où nous rencontrons l’agent en charge, M. Philippe Fleury. Il n’est en poste que depuis quelques mois et doit encore prendre la pleine mesure de l’activité consulaire, d’autant qu’il ne travaille qu’à mi-temps. Il est administrativement rattaché au Consulat général (à gestion simplifiée) de Naples pour des raisons qui n’apparaissent pas évidentes puisque toutes les demandes de renseignements et tous les contacts sont adressés directement au consulat de Rome qui apparait comme la vraie tutelle de ce petit poste qui agit essentiellement comme une boite à lettres. Il est vrai que le nombre de pièces d’identité demandées est faible (50 CNI en 5 mois). Les contacts avec les autorités locales (que ce soit la ville, la province ou la région) devraient être créés car c’est là sans doute la vraie valeur ajoutée que le poste peut apporter à la communauté française. Une formation plus poussée au droit électoral, à l’état-civil, aux questions sociales serait également à considérer.
La communauté française compte 1500 inscrits (dont 700 pour Palerme), à 60% des épouses françaises et ne compte quasiment aucun entrepreneur. La Sicile semble ignorée des milieux d’affaires français, de la chambre de commerce française en Italie (il est vrai installée à Milan) et du réseau économique. Sans doute une image détériorée, une baisse significative de l’activité touristique, une bureaucratie lourde et inefficace détournent les investisseurs étrangers (et italiens). Mais la Sicile n’est pas la seule région ou le seul pays à connaitre pareille situation et il existe toujours des niches possibles. Un entretien intéressant avec M. Settineri (de nationalité italienne, pur produit de nos lycées français à l’étranger et parfaitement bilingue) qui a créé un cabinet d’études et de conseil économiques confirme cette analyse. La vraie capitale économique de la Sicile est Catane mais même là, il n’y a pas d’entreprises françaises (il ne connait que 6 filiales françaises pour toute la province). La Sicile avec 5 millions d’habitants, représente 11 % de la population italienne pour un PNB régional de 70 milliards d’euros soit 10 % du PNB de l’Italie. Le chômage y est de 20 % en moyenne mais atteint 40 % ou plus pour la jeunesse même diplômée et le mouvement d’immigration a repris.
Nous rencontrons ensuite Mme Ida Rampolla, inspectrice (italienne) de français, sur la place du français en Sicile. Elle dirige l’AMOPA (Association des membres des palmes académiques) qui s’efforce de porter le flambeau de notre langue durement atteinte par une réforme – générale – de l’enseignement qui a supprimé la seconde langue vivante. Il ne subsiste donc que l’anglais. L’AMOPA, avec l’aide du poste culturel, organise différentes manifestations autour de la langue et de la culture françaises (« les ambassadeurs du français », un concours du meilleur élève sicilien, ….).
Nous recevons ensuite le bureau de l’association française « la maison de France » dirigée par Mme Christiane Neyrinck (Mme Irène Colleto, ancienne agente consulaire l’accompagne). Cette association regroupe tous les Français qui le souhaitent pour des activités sociales et festives. Elle semble très dynamique, ce qui est encourageant dans l’environnement décrit. Elle gère aussi l’association de bienfaisance (subvention de 4000 € du CCPAS). Un des points les plus aigus de la communauté française est la nécessité de se rendre à Rome pour faire établir un passeport biométrique). Nous suggérons que la possibilité d’une tournée consulaire, à partir de Naples ou de Rome, d’un agent disposant de la mallette de saisie soit organisée. Nos interlocuteurs soulignent un problème relatif aux d’informations sur les questions sociales, réglementaires françaises. Dominique Depriester étudiera l’envoi de sa lettre d’information.
L’après-midi, nous rencontrons l’équipe du Centre culturel français dirigé par le conseiller culturel (depuis Rome !) et sur place par M. Éric Biagi. Nous rencontrons aussi M. Pascal Corazza, attaché de coopération éducative. Le centre est installé dans un ensemble à vocation culturelle développé par la ville sur d’anciennes friches industrielles. Il occupe un étage dans un bâtiment réhabilité (le Goethe Institut occupe le rez-de-chaussée). Il dispose d’une bibliothèque et offre des cours de langues mais peine à développer cette activité. L’essentiel de ses revenus provient des examens de niveau.
Le soir nous animons une réunion d’information pour la communauté française dans la bibliothèque aimablement prêtée par le centre. Une cinquantaine de personnes y assistent et permettent un débat sur les questions de retraite, d’enseignement français à l’étranger, de droits de sécurité sociale.
Vendredi 21 janvier
La matinée est consacrée à recevoir nos compatriotes individuellement.
Nous terminons par une visite passionnante, organisée par M. Corazza, à Mimmo Cuttichio, dernier représentant des marionnettistes siciliens. Il nous fait visiter son atelier peuplé de merveilleuses poupées articulées représentant tous les personnages des chansons de geste et de l’histoire de l’unité italienne et des guerres siciliennes.