11 septembre : le hasard du calendrier me fait arriver aux États-Unis à la date du dixième anniversaire de ces attentats. Toute l’émotion qui s’y attache encore est perceptible, parfois très marquée.
Paris a bien fait de marquer cet anniversaire avec solennité. Les États-Unis attaqués pour la première fois sur leur propre territoire et menacés pour une bande de fous furieux à l’idéologie fumeuse et tournée vers les Croisades !
Quelles ont été les conséquences de ces attentats ? Je me permets de renvoyer à l’analyse (toujours éclairée) de Robert Malley, ancien conseiller de Bill Clinton et publiée dans Le monde daté des 11-12 septembre. Il rejoint celle de Lionel Jospin et d’Hubert Védrine. Sur le fond, les attentats ont servi de révélateurs et de prétextes à la politique des néo conservateurs de Washington mais ils n’ont pas radicalement changé le cours de l’histoire. Pour ma part, admirateur de l’histoire américaine, je suis tristement frappé par les violations graves et répétées que le 11.09 a permis : possibilité d’emprisonner sans durée claire, écoutes généralisées, climat de suspicion générale (voir le so called Patriot act), la création de cette monstruosité juridique qu’est Guantanamo (toujours pas fermée) avec prison, chaines aux pieds, sans durée et sans jugement ! On reste confondu que le monde laisse faire sans en parler plus. Il le semble que, justement au nom de l’amitié, du respect et de l’admiration que nous pouvons avoir pour ce grand peuple, notre devoir est de leur dire qu’il faut mettre fin immédiatement à toutes ces violations répétées des droits de l’homme qui ne peuvent exister dans une démocratie et dont exemple est exécrable pour tout le monde. Le plus recruteur de Jihadistes de tout genre a certainement été cette politique. Certes, Obama a amélioré les choses mais nous sommes encore loin du compte.
Houston
Première étape de cette tournée du Texas à l’Illinois et à New York en compagnie de Corinne Narassiguin, conseillère à l’AFE élue sur la côte est et notre candidate PS pour la 1ère circonscription (Canada et Etats-Unis). Son site internet : http://www.corinnenarassiguin.com/. Curieusement depuis le « forfait » de Christine Lagarde qui était investie par l’UMP pour cette circonscription et les démêlées judiciaires de Guy Wildestein, il n’y a pas de candidat de droite. Une belle circonscription comme cela (plus de 60% à la droite) ! C’est curieux et mon sentiment est qu’elle doit être réservée pour « un grand quelqu’un » comme on dit en Afrique. Mais qui ? David Douillet, Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin ?
Après une visite de la belle collection Menil (arts premiers et contemporains), nous dinons avec le nouveau Consul général, M. Frédéric Bontems.
Nous nous retrouvons le 12 septembre pour visiter le consulat général à Houston sous la conduite de M. Carl Poirier, vice-consul. Houston est la capitale économique de ce géant qu’est le Texas (23 millions d’habitants, PNB : 500 milliards de dollars). Le pétrole et les bovins sont les deux richesses, mais l’économie s’est diversifiée dans les industries de communication, l’aérospatial et la recherche médicale (le plus grand hôpital et le plus grand centre de lutte contre le cancer). C’est donc un consulat important puisqu’il couvre le Texas, l’Arkansas, l’Oklahoma et la Louisiane. 8000 Français sont inscrits (essentiellement au Texas) et sans doute faut il en compter 16000 en tout.
Il dispose des différents services : registre et listes électorales, état-civil, bureau militaire, identité, bourses, sécurité. Il dispose également d’un service de presse et d’un service culturel ainsi que d’une mission scientifique. Il y a également un bureau d’Ubifrance mais la coordination des services économiques n’est plus assurée. Une clarification entre le Trésor et le MAE est nécessaire.
Nous rencontrons ensuite la vice-présidente Nathalie Heidrich et les membres du bureau de l’association Houston Accueil (400 familles), association que j’avais rencontrée en 2009. Elle aide les familles à s’installer, organise près de 30 activités de toute sorte et suit attentivement les questions relatives à la scolarité et aux enfants.
Nous visitons ensuite l’école Awty. Cette école et lycée américain a la particularité d’avoir deux sections : une américaine et une française ou bilingue. Le proviseur de cette dernière, M. Boualem Maizia et M. Guy Benet, nous présentent leur établissement lié par convention à la Mission laïque qui aide en particulier au recrutement des enseignants en France (25 détachés sur 47). Elle compte 535 élèves sur les 1300 au total d’Awty. Le niveau y est élevé et on compte 40 bourses et 10 PEC. L’école doit grandir (un projet immobilier est en cours) pour atteindre 1500 élèves.
Le déjeuner nous permet de rencontrer les responsables économiques de la communauté française (le Chairman de la Chambre de commerce, M. Jean-François Bonnete et le Président, M. Christian Escudier) ainsi que les présidents des différentes associations Houston Accueil, EFGH qui gère le projet FLAM, et les responsables de service au consulat.
L’après-midi, nous visitons une classe EFGH (Éducation française greater Houston) située dans une école primaire de Houston (« Kolter »), école pilote en matière de langues. Le projet FLAM a maintenant deux ans et compte 80 enfants qui ont trois heures de langue et culture françaises par semaine. L'association est installée sur 8 sites différents dans la ville et dispose aussi de programmes à Austin et à Dallas.
Le soir, le consul général offre une réception pour une centaine de membres de la communauté française.
Austin
Nous voilà le 13 septembre dans la capitale du Texas dont la vie politique est dominée par les Républicains depuis bien longtemps. Le gouverneur Rick Perry – très évangéliste, du moins en apparence – est un des candidats à la primaire présidentielle sur un fond populiste, chrétien, antiwashingtonien. Les groupes du Tea Party (ultra conservateurs) sont actifs et flirtent avec la farouche volonté d’indépendance des texans. Cela doit influer sur les votes de la communauté française qui ont été jusqu’à maintenant -au Texas- plutôt favorables à la droite et à l’UMP (cela va changer).
Nous déjeunons avec un groupe d’étudiants français de l’université du Texas (Sciencs Po, biologie, architecture), tous très contents de leur séjour.
Visite de l’AIS (Austin international school) avec M. Christophe Bonnet, son directeur. Cette école primaire américaine 160 élèves (dont 26 Français) enseigne dans trois langues (anglais, français, espagnol). Les frais de scolarité sont de l’ordre de 10000$ par an, ce qui est considéré comme moyennement cher. Elle dispose de 7 enseignants français dont le directeur et 15 enfants sont boursiers. Elle vient d’acquérir un nouveau terrain pour doubler sa capacité d’accueil et offrir l’enseignement jusqu’à la 4ème.
Le soir, nous réunissons des compatriotes pour présenter Corinne et faire une causerie sur la nouvelle gouvernance économique européenne.
Minneapolis (le 14 septembre)
C’est la capitale (Saint Paul, fusionnée avec Minneapolis) du Minnesota, au centre nord, en bordure de grands lacs. Son PIB est de l’ordre de 220 milliards de dollars, avec quelques entreprises françaises. Malheureusement, nous ne pourrons rencontrer ni la chambre de commerce franco-américaine ni Minneapolis-accueil qui, ni l’un ni l’autre n’ont répondu à nos demandes d’entretien. Peut être est-ce une illustration de la difficulté de faire fonctionner des associations dans certains pays à l’étranger ?
Après un départ matinal, nous sommes à pied d’œuvre pour visiter la French Academy sous la direction de Mme Véronique Liebamn. C’est une école primaire homologuée pour le cycle 1, en langue française, de la maternelle au CP, avec 100 élèves dont 10 Français. Elle est très bien installée avec d’autres établissements américains du district.
Nous déjeunons avec M. Franck Marret, président de l’Alliance française et Mme Christina Bouzouina, directrice. Elle compte environ 1000 apprenants et 15 professeurs avec une grande variété de cours. Nous parlons aussi de la ville (jumelée avec Tours) et de l’État. M. Marret nous fait faire une visite très intéressante de la ville.
L’après midi, nous rencontrons des universitaires français (Pierre Jacques Cailles, professeur à Normandale community college) et Ameeta Jaeswal Dale (professeur de finance à l’université de Saint-Thomas)
Le soir, conférence à l’Alliance française sur la gouvernance économique européenne. C’est aussi l’occasion de rencontrer une délégation de ma mairie de Tours, jumelée avec Minneapolis.
Chicago (le 15 septembre)
Grande ville (10 millions habitants) de l’Illinois, au bord de l’immense lac Michigan. Ville et État prospères, spécialisés en particulier dans le commerce et la bourse de matières premières et de la viande (PIB : 516 milliards de dollars).
Nous sommes accueillis par Sylvette Nicolini, présidente de Français du Monde, suppléante de Marc Billon, le conseiller AFE de la circonscription (Français du Monde) qui nous a beaucoup aidés pour monter cette visite. Ancienne proviseur du lycée, elle connait bien la ville et la population française
Nous déjeunons avec notre consul général, M. Graham Paul et M. Sidy Diallo (adjoint) qui nous présentent la région et la communauté française (9000 inscrits). Plutôt prospère, elle est concentrée sur Chicago mais le consulat couvrant 13 États, il faut développer les tournées consulaires (question des crédits ?). Le consul se pose également des questions sur le fonctionnement des bourses qui sont de plus en plus difficiles à obtenir. Ceci sera confirmé par le directeur du lycée français. Une autre difficulté rencontrée est la délivrance de visas pour des cartes de séjour « compétences et talents » (trois ans) par les consulats de France qui sont ensuite rejetées par les préfectures. Il y a là une remise en cause des décisions du ministère des affaires étrangères par le ministère de l’intérieur qui nécessite clarification, d’autant plus qu’il s’agit de faire venir en France des personnes qui seront utiles.
Nous aurons ensuite une rencontre avec les services du consulat général et l’antenne d’Ubifrance qui couvre une bonne partie des États-Unis. Le consulat comprend une attachée scientifique, un attaché pour la langue française et un attaché économique (régalien). Le consulat enfin a une politique active de communication avec un site internet, une lettre d’information.
Visite ensuite de la chambre de commerce franco-américaine avec Mme Emmanuelle Van Houdenhoven. La Chambre compte 200 membres environ et dispose de 2 cadres locaux, ce qui limite ses possibilités d’action. Les relations avec Ubifrance sont loin d’être clarifiées et le débat semble se nouer difficilement.
Visite de l’Alliance française avec son directeur exécutif, M. Jack McCord et M. Gael Crépieux directeur des études. Avec 1000 inscriptions par an et la propriété de ses locaux grâce à un don de 500 000$ du gouvernement français, l’AF est équilibrée financièrement. Elle est bien située géographiquement et développe des cours diversifiés.
Le soir, conférence à l’Alliance française sur le sujet déjà traité à Austin. Diner ensuite avec la section Français du Monde.
Le vendredi 16 au matin, visite du lycée français de Chicago
Nous sommes accueillis par M. Alain Weber, son directeur qui nous fait visiter les locaux. 620 élèves jusqu’au bac dont 40% de Français. Le coût de la scolarité est d’environ 15000 $. Il y a des bourses françaises et une soixantaine pour les jeunes américains payées par les parents (environ 1000$ par enfant scolarisé : bel exemple de solidarité). Un terrain important est en cours d’acquisition pour construire une nouvelle école et lycée permettant d’accueillir 800 élèves à horizon de 2015 pour un investissement de 30 millions de dollars, financés pour 10 millions par des dons des parents.
New-York
Le 16 au soir, diner-débat sur le thème de l’éducation au nouveau restaurant « le Benoit » d’Alain Ducasse. Plus d’une trentaine de personnes ont répondu à l’invitation au débat qui est aussi une manière pour Corinne d’intervenir sur d’autres questions, ce qu’elle fait avec talent.
Le 17 septembre, brunch amical dans un restaurant de Chinatown avec les amis de Français du Monde et du PS pour préparer la suite de la campagne. Une bonne candidate, une bonne équipe : nous gagnerons ce siège réputé difficile.