Arrivés à Niamey le 25 janvier dans l’après midi, nous commençons notre visite par une réunion consulaire avec Mme Brigitte Baley, premier conseiller et M. Alexandre Fernandes, chef de la section consulaire (l’ambassadeur, M. Christophe Bouchard est retenu à Paris).
1460 Français sont inscrits au consulat et 70 à Arlit. Un citoyen reste à l’Alliance française de Maradi et un à Zinder. Le pays est divisé selon un axe est-ouest en une zone rouge d’exclusion (vers le Nord) et une zone orange de sécurité. Le fait nouveau est la montée des terroristes islamistes de Boko Haram venus du nord Nigeria qui ont installé leur base arrière au Niger.
Dans le domaine social, il y a 170 boursiers (470.000 €) et 22 allocations de solidarité avec des dossiers complexes. Le poste de l’assistante sociale a été supprimé il y a un an, le consulat ne fonctionne plus qu’avec un agent.
Puis Marie-Hélène Beye et moi tenons une permanence au consulat pour la communauté française.
Le soir un pot d’accueil de Français du Monde - ADFE pour la communauté française au centre culturel franco nigérien avec une trentaine de personnes et une association dynamique et dotée d’une nouvelle équipe de direction.
Le 26 janvier
Nous débutons par une visite de la Croix Rouge française (M. Guillaume Bernardeau). Leur activité essentielle est la lutte contre la mal nutrition, en particulier dans les régions de Zinder et d’Agadès, Cette activité est financée en partie (total : 2 millions d'euros) par la Communauté européenne (ECHO) et consiste à porter un diagnostic sur les enfants mal nourris ou risquant de l’être, le plus tôt possible, et à prescrire un traitement. Elle emploie 3 expatriés et 250 volontaires de terrain à Zinder, un expert et 80 volontaires à Agadès. Elle travaille en liaison avec la PAM pour les fournitures de farines et de médicaments. Un projet AFD sur la santé reproduction et contraception doit débuter. Il est à craindre que la situation s’aggrave dans les mois qui viennent, les pluies ayant été très faibles cette année. Le principal problème est les restrictions aux déplacements avec des règles qui pourraient être plus différenciées selon les zones.
Visite du lycée La Fontaine avec le proviseur (M. Jean-Jacques Moiroud) et son équipe de direction. Le nombre d'élèves reste stable à environ 800, ce qui est plutôt positif compte-tenu de la situation. Les enseignants résidents sont 35 et les contrats locaux 17. Une des perspectives serait de développer des partenariats avec des établissements d’enseignement technique nigériens qui accueilleraient certains de nos élèves (la difficulté est l’état de ces établissements). Par ailleurs le lycée a eu un gros plan de renforcement de la sécurité et devait devenir centre de formation continue pour les enseignants de la sous région.
Une rencontre ensuite a lieu avec les représentants de l’APE et des représentants des enseignants. Ils soulignent que les écolages vont augmenter de 4% contrairement à la promesse de l’AEFE.
Puis visite du Centre culturel franco-nigérien, un des derniers survivants de ces centres binationaux créés après les indépendances. Il en existe encore 5 qui ne sont pas intégrés dans la mise en place de l’Institut français. Ils se sentent un peu les oubliés dans cette réforme. Par ailleurs, les contraintes sécuritaires ont pour conséquence une baisse de public aux activités culturelles du soir, ce qui ne facilite pas l’amélioration de l’autofinancement (20%). Il parait évident que dans un pays tel que le Niger, il est illusoire de compter sur le mécénat d’entreprises ou autre. Les activités de centre de Zinder sont également empêchées par les consignes de sécurité. Au total, une situation difficile mais qu’un projet de relocalisation dans un centre culturel nigérien mieux situé pourrait partiellement résoudre.
Dîner à la Résidence avec les associations représentants les Français (FdM et UFE), les chefs de service de l’ambassade, le président des CCE, les directeurs d’Areva, de l'AFD et de l’IRD, du CERMES
Vendredi 27 janvier
Séance de travail avec les chefs de service de l’ambassade :
Le premier conseiller, Mme Brigitte Baley ; l’attaché de défense, le colonel Hervé Pilette ; le deuxième secrétaire ; l’attaché de sécurité intérieure, Mme Isabelle Baert ; le conseiller de coopération et d’action culturelle, M. Laurent Bonneau, le consul, M. Alexandre Fernandes ; le chef du service commun de gestion, M. Philippe Legros ; le régisseur, Mme Elsa Rochier. Nous faisons le point sur chaque domaine :
- Sur le plan militaire, nous avons 6 projets et participons à de nombreuses formations opérationnelles et autres .L’armée nigérienne est considérée comme instruite et disciplinée mais sous équipée et devant être renforcée (10000 hommes actuellement)
- La coopération dans le domaine de la sécurité intérieure est active et couvre les stupéfiants, le terrorisme sous ses différentes formes, des formations diverses (aéroport, banditisme, …)
- La coopération culturelle et technique dispose d’un budget de 5 millions d’euros et de 15 coopérants sur le terrain : gouvernance, recherche médicale (CERMES), université, société civile plus les activités de l’AFD et de l’AEFE. Il y a les questions précédemment posées sur le CCFN, et une difficulté à coordonner les différentes agences de coopérations (françaises et européennes).
Visite à M. Mahamadou Issoufou, Président de la République qui nous charge de transmettre un message d’amitié à François Hollande et qui nous explique ses priorités : sécurité contre les différents terrorismes, autosuffisance alimentaire, désenclavement (chemin de fer vers Ouagadougou).
Entretien avec les trois sociétés minières filiales d’AREVA : la Somaïr, la Cominak et Arevamines (MM. Capobalanco, Bernard, Imad Toumi et Ibrahim Coumo). Elles exploitent plusieurs mines d’uranium à Arlit et à Imouraren (qui permettra de doubler la production de 4500 tonnes/an à 10000). Ce sera un investissement de 1,5 milliard € avec 5000 personnes sur le chantier. Un des problèmes soulevés est celui des règles de sécurité qui pourraient être appliquées de manière plus souples et adaptées.
Après un déjeuner avec le bureau de Français du Monde, visite de la clinique Gamkalley (5 médecins). Le docteur Gbaguidi, médecin-chef, nous reçoit. La clinique reçoit une aide du consulat et 35000 FCFA par an et le tarif de la consultation est de 9000 FCFA. Elle dispose d’une salle de déchoquage qui permet de traiter les traumatisés en attente d’évacuation.
Après le départ de Marie-Hélène Beye pour Bamako, je reçois l’association Fr’entraide (président : M. Orejia Robert). L’association fonctionne surtout avec les subventions du consulat (10000€) plus les cotisations des membres et des dons. Parmi les activités, des rapatriements, des scolarisations d’enfants, des cas difficiles de personnes âgées sans ressources.
Puis je fais une seconde permanence pour les Français au Consulat.