Le soir de mon arrivée le 14 décembre j’ai eu le plaisir de dîner avec Philippe Loiseau, un de nos trois conseillers consulaires et Mathieu Rigal, secrétaire de la section PS.
Le 15 décembre j’étais invité à un petit-déjeuner organisé par Gonzague Dejouany, président du Cercle Économique Franco-Allemand auquel étaient conviés une vingtaine de dirigeants de sociétés, hommes d’affaires et directeurs de banque. Les participants ont déploré qu’un climat de défiance s’installe dans les relations franco-allemandes, remarqué que l’axe franco-allemand a perdu son rôle privilégié, et souligné que les célébrations de cet axe le renvoient au passé sans qu’il offre de vision d’avenir et de créativité. L’accent a été mis sur la nécessité d’une harmonisation fiscale, fût -ce au prix d’une perte de pouvoir des gouvernements nationaux. L’unification des lois s’est faite dans plusieurs domaines (loi bancaire, législation douanière, etc.), mais pas dans celui de la fiscalité. L’engagement de la France dans les opérations militaires en Afrique a été évoqué, et Gonzague Dejouany a regretté que notre pays en supporte seul le coût humain et financier, et que l’Allemagne soit absente de la lutte contre le terrorisme à l’étranger. Anne-Laure de Coincy, ministre conseillère à l’Ambassade pour les affaires économiques, a pour sa part estimé que les liens entre nos deux pays ne sont pas moins forts mais d’une autre nature.
Participaient à ce déjeuner les personnes suivantes : Marine Choley, Anne-Laure de Coincy, Gonzague Dejouany, Bernard Gell, Julia Huller, Michel Leistenschneider, Philippe Loiseau, François Malagies, Hiliasse Salhi, Dirk Schneemann, Klaus Siebertz et Isabelle Vincot.
J’ai ensuite visité le consulat, avec Dominique Evanno, chef de poste, Clément Calais, vice-consul et Clarisse Levasseur, vice-consuls responsable de l’état-civil et de la nationalité. La circonscription consulaire de Berlin qui couvre 10 Länder est la plus faible d’Allemagne en peuplement et la plus vaste en superficie. 23500 Français sont enregistrés, dont la moitié vivent à Berlin. Des consulats honoraires fonctionnent à Brême, Hanovre, Dresde, Erfurt et Leipzig. Le service d’état-civil effectue environ 5000 actes par an, parmi lesquels un nombre important de pacs. Le service des affaires sociales s’occupe surtout des aides occasionnelles car les aides apportées par l’Allemagne couvrent presque tous les besoins.
Le conseiller culturel Emmanuel Suard que j’ai rencontré ensuite m’a présenté le réseau d’enseignement français en Allemagne : 15 écoles françaises parmi lesquelles 3 écoles franco-allemandes, et le lycée de Berlin qui est un cas à part, et compliqué, Notre politique linguistique est également de soutenir l’enseignement du français, concurrencé par l’espagnol. 20% des Allemands apprennent le français, et 15% des Français l’allemand. Il y a 10 Instituts français en Allemagne, ainsi que des centres de recherche et des antennes culturelles
L’après-midi j’ai visité l’école Voltaire (maternelle et primaire jusqu’en 6ème) et le collège et lycée, avec le proviseur Daniel Bourgel, la directrice de l’école Voltaire Patricia Bourien, et Samuel Brouard, directeur financier. Le statut de ces deux établissements est différent et leur fonctionnement complexe et source de difficultés. Le lycée (900 élèves) été fondé en 1689 par les Huguenots. Il est sous administration allemande (le Sénat de Berlin) et cofinancé par l’AEFE : l’Allemagne offre les locaux et les frais de fonctionnement, la France participe en payant les enseignants. Il n’y a pas d’écolages. Quant à l’école Voltaire (300 enfants), c’est un EGD, avec des écolages de l’ordre de 5000 €, une somme jugée trop forte par des parents, ce qui expliquerait les difficultés du recrutement en maternelle. Mme Deppe, représentante de l’APE Voltaire et membre du Comité d’établissement, insiste sur la nécessité de rénover un parc informatique vétuste et insuffisant pour permettre de passer le Brevet informatique et Internet exigé pour le passage au collège. Les. Problèmes du lycée sont d’une autre nature. La scolarité étant gratuite, l’établissement ne reçoit pas de dotation de fonctionnement. Ce bâtiment historique aurait pourtant bien besoin d’être modernisé. Comme me l’expliquent les personnes que j’ai rencontrées (Fabrice Brecourt et Julien Dutheil, représentants de l’administration française au Conseil d’établissement, Michel Olivier, son homologue pour l’administration allemande, Julien Nivière, délégué du personnel, Michel Laissale du SNUIPP Allemagne), le lycée ne possède que 3 ordinateurs, ce qui oblige les enseignants à remplir à la main les bulletins scolaires, et empêche le proviseur d’avoir un relevé quotidien des absences. C’est un problème de moyens mais aussi une conséquence de la double gestion du lycée, les logiciels allemands et français étant incompatibles... Les enseignants ont aussi soulevé Le problème de la réduction de l’abattement dont ils bénéficient sur leurs salaires, déclarés en France. La perte de cet été avantage accordé semble-t-il par l’Ambassade à tous les personnels en Allemagne devrait selon eux être compensé par une augmentation proportionnelle de leur salaire. Mme Schweifer représentante de l’APE du lycée, demande la mise en place d’une filière technologique pour les élèves qui ne sont pas à l’aise dans le cycle classique, et par ailleurs l’accès aux services de CampusFrance doper les enfants installés depuis longtemps à Berlin.
Le soir, j’ai l’occasion de rendre visite à notre camarade Georges Beuchard (92 ans), sans doute un des plus anciens adhérents du Parti socialiste (il a adhéré en 1936). Nous nous étions connus à Munich.
Le 16 décembre, j’ai été invité à la réunion du groupe SPD de la commission des finances au Bundestag. Nous avons eu un débat sur l’Union bancaire et sur la sortie de crise. Rencontre ensuite avec un député de la CDU et participation à une réunion organisée par la Bundesbank sur le même sujet.
En fin de journée une rencontre avec notre ambassadeur, Philippe Etienne, et Anne-Laure de Coincy, Ministre conseillère pour les affaires économiques, pour faire le point.