Je suis arrivé le samedi 24 février 2007 à l’aéroport Benito JUAREZ. Lors de cette mission, j’étais accompagné de Vincent TOINEL, mon assistant parlementaire. Nous avons été accueillis par Mme Régine LOUIS, Consule adjointe, et M. Christian FAUCHE, ancien Conseiller au CSFE.
Le dimanche 25 février, j’ai rencontré des membres de la section mexicaine de l’ADFE, présidée par M. François BOUCHER. Nous avons échangé sur des thèmes aussi divers que le financement des lycées, l’emploi, les heures d’ouverture des consulats, les stages à l’étranger, etc.
J’ai également été interviewé par une jeune journaliste française travaillant pour le journal Excelsior.
Le lundi 26 février, je me suis rendu à Guadalajara, seconde ville du Mexique et deuxième zone de concentration de la communauté française (1.085 inscrits). J’étais accompagné de MM. Didier GOUJAUD, Consul général à México, et M. François BOUCHER. A l’aéroport, nous avons été accueillis par MM. Enrique ALVAREZ DEL CASTILLO, Consul honoraire et Jean REINA, Directeur général de l’Alliance française.
J’ai pu visiter les nouveaux bâtiments du lycée français, surnommé le « franco ». Cet établissement homologué par l’AEFE est géré par une association culturelle et dirigé par M. Henri PIQUER, proviseur. Il est fréquenté par 670 élèves (23% de Français), de la maternelle à la terminale, et accueille 70 boursiers, dont 40 Français. Le proviseur m’a indiqué que la vente des anciens bâtiments, dans le centre de la ville, permettra d’augmenter les salaires et de concrétiser de nombreux projets tels que l’amélioration du CDI, la création d’un foyer des élèves, la construction de classes supplémentaires, d’une salle d’arts plastiques, d’une salle polyvalente, d’une piscine, etc. En attendant, les quatre prochaines années à venir seront difficiles. Des progrès sont en particulier nécessaires afin d’améliorer le niveau de français car en 2006, sur 7 élèves de terminale, 4 ont échoué au baccalauréat. Monsieur PIQUER a néanmoins tenu à me rassurer en m’indiquant que les élèves de troisième ont un meilleur niveau que leurs aînés. Lors de ma visite, j’ai aussi rencontré trois représentants des enseignants, qui s’inquiètent de la faiblesse du nombre de professeurs résidents (2 expatriés, 17 résidents et 58 recrutés locaux). Pour pallier cette situation, le proviseur souhaite faire venir de France davantage d’enseignants car le vivier de résidents n’est pas suffisant. Cependant, le conseil de gestion n’appuie pas ces demandes car il voit d’un mauvais œil l’arrivée de nouveaux résidents.
Lors d’un cocktail à l’Alliance française, j’ai rencontré des Français établis à Guadalajara. Nombre d’entre eux sont des descendants des « Barcelonnettes » qui s’étaient installés au Mexique à la fin du XIX° siècle.
Le soir, le Consul général a offert un cocktail à sa résidence, en présence de M. Alain LE GOURRIEREC, Ambassadeur de France au Mexique.
Le mardi 27 février, j’ai participé à un petit-déjeuner de travail avec des représentants du secteur économique (Alstom, Plastic Omnium, Société générale, GDF Mexique, DEXIA, Sanofi Aventis, Keptos [PME spécialisée dans l’informatique]) et cinq sénateurs du groupe interparlementaire France-Mexique (MM. Gérard CORNU, Pierre MARTIN, Gérard MIQUEL, Jean-Marc PASTOR, Yannick TEXIER). Cette rencontre était présidée par M. Alain LE GOURRIEREC, qui a annoncé la création d’un centre d’affaires français à Monterrey. Tous les intervenants ont affirmé que le contexte économique et l’environnement juridique sont favorables aux investissements. Les entreprises françaises trouvent aussi une communauté française bien établie. Rappelons que les premiers immigrants français et leurs descendants ont joué au Mexique, dans le domaine économique, un rôle prépondérant jusque dans les années 1940. Ils ont notamment été les fondateurs d’une industrie textile puissante et de grands magasins, dont certains sont encore parmi les plus importants du pays. Ils ont aussi été des acteurs significatifs dans le secteur bancaire. Aujourd’hui, le marché intérieur, dopé par les remesas, offre de très bonnes perspectives. En outre, mes interlocuteurs ont tous évoqué le « train CALDERON » comme moteur de l’économie mexicaine. Le nouveau président de la République, élu le 2 juillet dernier, souhaite en effet conduire de très nombreux projets dans les domaines de l’énergie, des transports, des infrastructures et du tourisme.
En fin de matinée, j’ai visité le lycée franco-mexicain de México. Cet établissement conventionné a été fondé en 1937. Aujourd’hui, il accueille 3.000 élèves (195 boursiers, dont 17,8% de Français). Il est actuellement dirigé par Mme Françoise VALIERE, proviseur, qui a organisé une rencontre des représentants des enseignants : Mme Dominique VERA (SGEN), MM. Marc BORSA (SNUIPP), Gilbert MAZIERE (SNES) et Tristan PEYRAT (SNES). Mme Marie-Hélène PONTVIANNE, Conseillère à l’AFE, représentait le conseil d’administration du lycée. Les délégués syndicaux ont attiré mon attention sur les graves difficultés rencontrées par les personnels concernés par l’application du décret n°2002-22 du 4 janvier 2002. Ce texte réglementaire stipule en effet que tout agent voit son indemnité d’expatriation réduite de 50% dès le premier jour de l’arrêt maladie. D’autre part, le contrat de l’AEFE est systématiquement annulé à partir du sixième mois de maladie et le fonctionnaire expatrié peut être rapatrié sur le territoire national. Les représentants des enseignants ont également rappelé leur attachement à la création d’un nouveau statut pour les professeurs résidents. Quant à la direction du lycée, elle s’inquiète des futures conséquences du transfert de la charge du versement de l’ISVL, en 2008. Madame VALIERE m’a aussi indiqué que la hausse de la participation des établissements versée à l’AEFE a provoqué la hausse des écolages (+5% pour l’année 2006-2007) et la baisse du nombre de résidents (le lycée emploie 45% de recrutés locaux). Le lycée franco-mexicain de México est l’un des rares établissements à offrir une formation technologique (30-40 élèves en section STI) et un BTS (20 élèves), financé depuis 2006 par une taxe d’apprentissage. Madame VALIERE m’a fait part des difficultés à faire reconnaître cette formation au niveau local.
Le midi, j’ai déjeuné avec M. Jorge AMIGO CASTAÑEDA, le directeur de l’institut mexicain de la propriété industrielle.
L’après-midi, j’ai rencontré des membres de la communauté française à l’Alliance française de Polanco. Après une brève présentation du rôle des sénateurs représentant les Français établis hors de France, nous avons discuté de la place des Français de l’étranger dans le débat préalable à l’élection présidentielle.
En fin d’après-midi, j’ai eu l’honneur de m’entretenir avec deux sénateurs appartenant au Parti de la révolution démocratique (PRD) : Mme Yeidckol POLEVNSKY, vice-présidente du Sénat, et M. Carlos NAVARETTE, coordinateur du groupe PRD du Sénat. Après m’avoir décrit le fonctionnement du Sénat mexicain, ils m’ont exposé leur stratégie politique suite à la défaite de leur candidat à l’élection présidentielle, Andrès Manuel LOPEZ OBRADOR. Depuis 1997, aucun parti politique n’a disposé d’une majorité parlementaire et, à l’instar de ses prédécesseurs, le président Felipe CALDERON (Parti d’action nationale), élu par seulement 36% des votants, doit construire une majorité. D’après mes collègues mexicains, les vieilles institutions ne fonctionnent plus dans le contexte actuel. Le régime présidentiel est atrophié et le pouvoir judiciaire ne fonctionne pas correctement. Les réformes ambitieuses étant difficilement envisageables, le PRD va donc explorer la possibilité d’un accord avec le nouveau président afin de mettre en œuvre une politique des petits pas fondée sur le pragmatisme. Les défis à relever sont nombreux : réforme électorale, réforme constitutionnelle (rénovation du régime présidentiel), réforme judiciaire, réforme du Congrès, réforme fiscale, réforme énergétique, réforme des retraites.
Le mercredi 28 février, lors d’une réunion au Consulat général, M. Didier GOUJAUD a fait un point sur la situation de la communauté française établie au Mexique. En 2006, 14.217 personnes étaient enregistrées au registre des Français établis hors de France mais, d’après certains calculs, environ 30.000 compatriotes vivraient sur le sol mexicain. La communauté française est l’une des plus importantes du Mexique, avant les Italiens et les Allemands mais loin derrière les Espagnols. La croissance de la communauté française inscrite au consulat s’explique non seulement par la perspective de l’élection présidentielle de 2007 mais aussi par le souhait de compatriotes descendants de Français implantés de longue date au Mexique de renouer avec la France des liens qu’ils avaient laissés se distendre (l’association Racines françaises au Mexique, qui regroupe près de 600 adhérents, joue un rôle essentiel en la matière). La communauté française du Mexique est très largement une communauté d’expatriés, les détachés ne représentant que 1,84% des inscrits en 2006. Autre caractéristique : les binationaux représentent plus de 63% des inscrits. Le droit mexicain en matière de nationalité (droit du sol) et les restrictions imposées aux étrangers désireux d’exercer une activité privée au Mexique ont en effect conduit de nombreux Français à prendre la nationalité mexicaine. La majeure partie des Français du Mexique sont installés dans le district fédéral ou dans ses environs immédiats (Etats de México, Morelos et Puebla). Leurs principales préoccupations concernent la scolarisation, la sécurité et la santé.
Cette réunion m’a aussi permis de rencontrer les représentants de quelques associations françaises : Mme Geneviève BERAUD-SUBERVILLE (Racines françaises au Mexique), Mme Monique DEGRENNES (México – Accueil), Mme Mylène DOSAL (Association des parents d’élèves du lycée franco-mexicain de México), Mme Sandrina GERVASSI (Caisse des Français de l’étranger), MM. Georges COGUC (Croix-Rouge), Christian FAUCHE et Auguste DECOURTRAY (AGIR abcd – Action de bénévoles pour la coopération et le développement), Mme Adriana BUSHDID (UFE Mexique) M. François BOUCHER (ADFE Mexique). Mme Marie-Hélène PONTVIANNE et M. Gérard SIGNORET, conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger, participaient également à cette réunion.
En fin de matinée, à l’Alliance française de México, je me suis entretenu avec M. Yves CORBEL, délégué général des Alliances françaises du Mexique, M. Yves KEROUAS, délégué général adjoint et directeur général de l’Alliance française de Polanco, et M. Philippe BAILLOT, directeur culturel des Alliances françaises. Le Mexique accueille le plus important réseau d’Alliances au monde : 38 Alliances françaises et 22 centres associés. Grâce à ce réseau dense, chaque Etat comprend plusieurs générations de francophiles. Mes interlocuteurs ont attiré mon attention sur le fait que les Alliances françaises du Mexique traversent actuellement une phase délicate. La situation de ce réseau n’est pas aussi bonne que celle des réseaux d’autres pays latino-américains (Brésil et Argentine). En effet, le nombre d’élèves stagne (27.000 étudiants) en raison notamment de la concurrence des universités mexicaines, qui pratiquent des tarifs plus compétitifs et bénéficient d’un matériel plus moderne. Ce faisant, les Alliances doivent valoriser davantage leurs atouts : les évènements culturels, la médiathèque, etc. Le défi consiste aussi à professionnaliser les Alliances. Pour mener à bien leur programmation culturelle, les Alliances françaises s’appuient sur une multitude de partenaires (festivals, entreprises, représentations locales du ministère de l’éducation nationale, etc.). Chaque année, une trentaine d’artistes français se rendent au Mexique dans le cadre des évènements culturels organisés par les Alliances. Cependant, l’action culturelle au Mexique est désormais menacée car la région Amérique latine ne constitue pas une priorité aux yeux des autorités françaises alors que la demande en matière culturelle y est pourtant très forte. Les opérations de grande envergure sont donc de plus en plus réduites et il sera de plus en plus difficile de trouver des partenaires français afin de mettre en place une programmation de qualité. Le délégué général est actuellement en train de mettre en forme une coopération entre le Mexique et la région Bretagne, qui débouchera sur l’année de l’Amérique latine en France, en 2010. La direction des Alliances françaises du Mexique parie donc désormais sur le développement de la coopération décentralisée.
Avant de partir pour Washington, j’ai eu l’honneur de déjeuner à la résidence de France, invité par M. Alain LE GOURRIEREC. M. Didier GOUJAUD, Consul général, Mme Marie Hélène PONTVIANNE, MM. Gérard SIGNORET et Gilbert BERAUD, Conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger, faisaient également partie des convives.