Dès mon arrivée à Pékin en fin de soirée, le 8 avril, je suis accueilli par M. Pascal Maubert, Premier conseiller en charge des affaires consulaires à Pékin.
Le mercredi 9 avril, accompagné de mon Assistant parlementaire Alain Fontaine, je visite les services consulaires en compagnie de M. Pascal Maubert. La visite a commencé par le Service de l’administration des Français dirigé par M. Guillaume Laudic et qui comporte 4,5 agents, dont un recruté local, tous Français. Le service gère 4000 Français et environ 250 actes par an dont un peu moins de la moitié de mariage. Le problème principal auquel il est confronté est de déterminer la réalité de ces mariages. La Chine est un des pays dans lequel les mariages avec des étrangers sont permis dans les consulats. Une douzaine de mariage environ par mois sont célébrés à Pékin. Il y a peu de problème en ce qui concerne les déclarations des naissances à Pékin, du fait du faible nombre de naissances hors mariage en Chine. Seuls 7 PACS ont été enregistrés à Pékin en 2007. Les services consulaires de Pékin n’ont pas de problème avec le système Racine, la connexion y étant très rapide. Des travaux sont prévus dans les locaux de ce service pour y permettre un accueil plus convivial des Français.
Puis nous rencontrons Mme Marie Vassallo, Chef de Chancellerie qui outre la supervision du Service de l’administration des Français est plus particulièrement responsable des bourses, des adoptions, du notariat et du suivi des incarcérations. Le crédit des affaires sociales est très limité à Pékin avec seulement 1200 euros par an et des conditions d’utilisation tellement restrictives que Mme Vassallo ou M. Maubert doit régulièrement faire des avances sur leurs propres fonds en cas de problème. Le même budget a été renouvelé pour 2008 malgré les jeux olympiques de Pékin qui devraient avec les 10000 visiteurs français attendus entraîner plus de problèmes, notamment du fait de pertes ou de vols. Je vais saisir le directeur des Français à l’étranger à ce sujet. Les évènements récents au Tibet ont montré les limites du système Racine qui ne permet pas actuellement de trier les inscrits par leur ville de résidence lorsqu’il est nécessaire de les contacter en urgence, ainsi que le grand nombre de Français qui oublient de signaler leur changement d’adresse ou de numéro de téléphone.
M. Dominique Lépine, Chef de service des visas nous fait ensuite visiter son service qui comporte 18 agents, tous Français. Le service délivre 100 000 visas par an, ce qui en fait le 4e poste dans le monde, avec un taux global de refus. Depuis octobre 2007, une partie de la procédure a été externalisée pour certains visas (65%) par une délocalisation de la comparution personnelle auprès de la société VisasFrance. La procédure complète est conservée au service des visas pour les passeports officiels, les conjoints de Français, les visas faits dans le cadre de l’ANAEM et les visas de retour. L’externalisation des visas permet un gain de temps, notamment sur la saisie qui est faite par VisasFrance et est une amélioration pour les agents qui peuvent travailler plus calmement. Par contre, les demandes en urgence qui pouvaient avant être traitées très rapidement si nécessaire ne sont maintenant plus possibles.
Accompagné de M. Maubert nous rendons visite à VisasFrance qui est une société créée par des cadres français avec un personnel en partie francophone. Les demandeurs de visas peuvent s’inscrire en ligne sur le site de la société et choisir eux-mêmes la date et l’heure de leur rendez-vous dans des délais très courts. La société a également un centre d’appel pour les renseignements qui reçoit 300 appels par jour. Environ 100 à 150 demandes de visa individuel sont traitées par jour, représentant 20% des demandes. Les autres demandes sont pour des visas de groupe qui sont déposées directement par les agences de voyage et ne nécessite pas de comparution personnelle. Seules les agences ayant un accord ADS avec l’Union européenne sont habilitées a cette procédure qui est strictement encadrée, notamment par une vérification des passeports au retour en Chine pour s’assurer que tous les participants sont bien rentrés. VisasFrance s’assure que les demandeurs déposent un dossier complet, puis numérise leur photo d’identité et saisisse les données sur la base VisaNet du MAE. Les demandeurs paie 60€ pour le coût du visa et 25€ pour les frais de service de VisasFrance. La société espère pouvoir obtenir le traitement des visas d’autres pays Schengen et négocie avec certains d’entre eux. Elle devait ouvrir son centre de Chengdu le 14 avril pour traiter les demandes de visa du nouveau consulat de France.
Nous participons ensuite à un déjeuner à la résidence de France donné par M. Hervé Ladsous, ambassadeur de France en présence d’une vingtaine de personnes représentant la communauté française dans sa diversité. M. Ladsous fait un tour d’horizon des différents points d’actualité : les jeux olympiques de Pékin et la situation au Tibet, les contrôle police de certains bars situés dans le quartier de Sanlitun au cours desquels plusieurs dizaines de jeunes, dont un certain nombre de Français, y compris des mineurs, ont été appréhendés pour vérification, et les projets de déménagement du Lycée français. Ce dernier point est celui qui a suscité le plus de réaction, trois différents projets étant proposés. Les parents d’élèves seront informés avant que l’AEFE ne prenne une décision.
Nous visitons ensuite le Lycée français en compagnie de M. Maubert, de M. Stéphane Sachet, proviseur, de M. Francis Nizet, conseiller à l’AFE et de M. William Nguyen, représentant régional de l’AEFE. Après une courte visite du site de la maternelle qui accueille 249 élèves (dont les CP) répartis sur 13 classes, nous allons au site principal pour une réunion ou le déménagement du Lycée français est abordé de nouveau de manière plus approfondie. Trois options sont proposées, l’achat d’un terrain privé au cœur de Pékin avec un financement privé et une cogestion, la reprise des locaux d’une école internationale, nécessitant d’importants travaux de réaménagent, situés à proximité de l’aéroport et donc loin du centre de Pékin et une troisième solution intermédiaire. Le financement de la deuxième option pourrait être entièrement assuré par l’AEFE mais poserait des problèmes de transport. La décision doit être prise très rapidement, car les terrains actuels doivent être libérés à la demande des autorités chinoises.
Rencontre avec M. Josselin Khalifa, adjoint au chef de Mission économique et M. Gérard Deleens, conseiller à l’AFE et président de la section des Conseillers du Commerce Extérieur. Le PIB de la chine a été en 2007 de 3400 milliards de dollars (2200 $ par habitant) et la croissance prévue pour 2008 est de 9,3% en ralentissement net par rapport aux années précédentes. La balance commerciale est très excédentaire avec 956 milliards de dollars d’importations contre 1218 milliards de dollars d’exportations. En particulier la balance française est très fortement déficitaire Avec 9 milliards d’euros d’exportations (françaises) contre 28 milliards d’euros d’importations soit à – 19 milliards d’euros de déficit, le premier de la France dans le monde. Un élément d’explication est l’évolution de la parité Yuan - euros (mais ceci est aussi vrai pour l’Allemagne). La structure de nos exportations est également défavorable : l’aéronautique représente 33% de nos exportations, les matières premières et semi-finies, un autre tiers. Nous sommes absents par contre des produits industriels, de ceux à haute valeur ajoutée. La France a 1,4% de parts de marché contre 4,75 pour l’Allemagne. Au niveau des entreprises, on considère qu’il faut investir environ 150 000 € sur 3 ans pour s’implanter en Chine, étant entendu qu’une partie importante (jusqu’à 80%) peut être couverte par l’assurance-prospection de la Coface.
En fin d’après-midi, visite du magasin Mushi ouvert par Mlle Caroline Deleens dans un grand centre commercial de Pékin. Mlle Deleens, diplômée de l’école ESMOD de Paris, conçoit tous les modèles et les fait fabriquer dans son propre atelier à Pékin.
La journée s’est terminée par un sympathique dîner avec la section PS de Pékin, animée par son secrétaire de section François Gaillard. Nous sommes retrouvés une dizaine dans un excellent restaurant du Yunnan suggéré par notre amie Odile Pierquin, responsable ADFE de Pékin. Après un rapide tour de table de présentation, nous avons débattu sur les échéances futures du parti socialiste.
Le jeudi 10 avril, j’ai été invité à prononcer une conférence sur le Traité de Lisbonne devant une quarantaine d’étudiants de l’École des relations internationales de la prestigieuse université de Pékin et trois de leurs professeurs, dont un professeur français de Sciences Po. J’ai été impressionné par un auditoire très studieux et attentif et qui prenait de nombreuses notes pendant ma présentation. À la fin de celle-ci, sept des élèves ont posé des questions très pointues démontrant une bonne connaissance d’un sujet ardu. La dernière question a été consacrée au Tibet et au passage de la torche à Paris. J’ai répondu que j’espérais que le peuple chinois ne penserait pas que les démonstrations de lundi à Paris avait été organisées contre lui, mais que cela faisait partie des droits démocratiques élémentaires et que j’espérais que le gouvernement chinois pourrait discuter avec les représentants du Dalaï Lama et que a France été prête à offrir son assistance si on la lui demandait.
Nous rencontrons ensuite MM. Nam Ngo Thien et Thomas Patlloch, attachés pour la propriété industrielle à l’ambassade de France et à la représentation de l’Union européenne avec qui nous faisons le point sur les réformes en cours des législations de brevets, marques et droit d’auteur en Chine. M. Jean-Luc Quinio, conseiller juridique de l’ambassade, M. François Castro, attaché de sécurité intérieure, ainsi que M. Eric Wiart, attaché douanier et M. Pascal Maubert, premier conseiller, participent à la discussion.
Je rends pour finir une visite de courtoisie à l’Office des brevets de Chine (plus de 6000 agents) pour y rencontrer M. Li Yuguang, commissioner adjoint.