Nous assistons affligés à la destruction des mausolées de la cité des 333 Saints, Tombouctou. Cette destruction à grand coups de houes et de pioches sur la terre crue qui les compose rappelle l’explosion des Bouddhas de Bamiyan par les Talibans en 2001.
Ces mausolées, joyaux architecturaux de la « perle du désert », classés depuis 1998 au patrimoine mondial de l’humanité, protègent la ville car ce sont ses remparts mais aussi car ils abritent les restes de saints musulmans, saints patron locaux que prient les habitants.
Avec l’arrivée des intégristes et la prise de contrôle de la ville et de la région par les groupes du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) et les djihadistes d’Ansar Eddine, le 1er avril 2012, c’est la fin de l’islam tolérant.
On imagine le sort des habitants face à ces bandes lâchées dans la ville qui, prétendant agir au nom d’Allah, ne respectent plus rien et imposent la Charia.
La destruction du patrimoine culturel et religieux continue avec l’attaque de la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia construite au quinzième siècle, et l’on ne peut que trembler pour les milliers de manuscrits conservés dans la ville.
Ces manuscrits qui datent pour les plus anciens de l’ère préislamique traitent d’histoire, d’astronomie, de musique, de botanique… Ils sont précieux pour l’humanité car, comme le dit le préambule de la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés, « les atteintes portées aux biens culturels, à quelque peuple qu’ils appartiennent, constituent des atteintes au patrimoine culturel de l’humanité entière, étant donné que chaque peuple apporte sa contribution à la culture mondiale ».
La procureur de la Cour Pénale Internationale a qualifié ces actes de destruction de « crimes de guerre » mais les extrémistes sont les maîtres dans le Nord du Mali et ni les menaces ni les condamnations de la communauté internationales ne les arrêtent, ils s’en prennent déjà à Gao qui serait encerclée de mines anti personnelles pour empêcher sa population de fuir…
Aujourd’hui, les chefs de gouvernement des pays de l’Afrique de l’Ouest renouvellent leur demande au Conseil de sécurité des Nations Unies à autoriser l’envoi d’une force au Mali.
La France, l’Europe doivent soutenir cette proposition et laisser les forces armées régionales agir pour rétablir la paix et réunifier le pays.