Par ARNAUD LEROY candidat du PS aux législatives pour les 4è et 5è circonscriptions des Français de l'étranger, PHILIP CORDERY candidat du PS aux législatives pour les 4è et 5è circonscriptions des Français de l'étranger
Libération, 18 juillet 2011
Voilà plus de trois mois que le mouvement des Indignés, dit du 15 mai, est né dans de nombreuses villes d´Espagne. Il faisait écho au mouvement «Geração à Rasca» ou mouvement du 12 mars au Portugal qui avait surpris de nombreux observateurs par sa spontanéité quelques jours plus tôt. Dans d’autres pays encore, en Grèce, mais aussi en France, la jeunesse gronde sous des formes diverses, traduisant colères et frustrations.
Les revendications de ces jeunes sont des revendications naturelles pour la gauche et nous les partageons. Se battre pour une vie meilleure, un toit, un emploi rémunéré dignement, se battre pour avoir un avenir qui ne se résume pas à l´austérité et la rigueur budgétaire… soit être en mesure de décider de sa propre vie, de retrouver la souveraineté sur son destin et celui de la société dans laquelle on vit. Autant de raisons qui sont à la base de notre engagement socialiste.
Mais pour beaucoup de ces indignés, les socialistes ne semblent plus être à même de répondre à ces revendications. Pire, nous sommes souvent considérés comme faisant partie intégrante du système, au même niveau que la droite ultralibérale. Ce système qui est pourtant celui dont elle a toujours rêvé - et que le mouvement socialiste avait toujours combattu : le capitalisme financier, aux dirigeants jamais coupables et invisibles, qui met les peuples à genoux, ne respectant en rien ses volontés, ses besoins et, comble de l´histoire, lui fait porter le fardeau de ses propres errements. Que nous est-il donc arrivé ? Il faut bien l’admettre, nous avons trop longtemps été complaisants, voire à l’aise, avec ce système. Si bien que, aujourd’hui, alors que la droite européenne, majoritaire partout en Europe, mène une des politiques les plus réactionnaires de notre histoire et profite de la crise pour revenir sur tous les acquis sociaux arrachés par nos aînés, usant même de sa majorité européenne pour imposer cette politique d’austérité à tous les gouvernements de l’Union européenne, y compris socialistes, nous ne sommes plus audibles et n’arrivons plus à faire entendre une voix divergente, une alternative.
Alors que le mouvement des Indignés cherche le moyen de poursuivre ses actions, l’heure est venue pour les socialistes, français et européens, de tendre la main à cette vague citoyenne, où la jeunesse - comme en Espagne ou au Portugal - joue un rôle moteur parfois sans précédent. A l’heure de la citoyenneté européenne, il est intéressant de montrer que de nombreux Français installés dans ces pays en sont des acteurs actifs.
Une alternative est possible. Le Parti socialiste européen en a esquissé les contours en proposant un contre-projet à la politique d’austérité avec au cœur la croissance, la redistribution des richesses, la création d’emplois de qualité, la régulation financière, la taxation de la spéculation. Notre défi est donc de créer les rapports de forces nécessaires pour la mise en œuvre de cette alternative.
C’est pourquoi nous souhaitons nous engager dans une démarche de dialogue avec l’ensemble des progressistes, acteurs politiques, syndicaux, mouvements, expressions spontanées, pour redonner un espoir d’avenir à tous les Indignés qui nous interpellent.