Dans une interview à paraître demain dans le Figaro Magazine, mais dont tout le monde parle déjà, Nicolas Sarkozy annonce l’organisation de référendums pour 2012 sur des sujets qui ne régleront aucun des problèmes principaux des Français, mais qui sont destinés à les opposer les uns aux autres.
La France s’enfonce lentement dans la crise, la dette s’accumule, le nombre de chômeurs augmente, mais rien n’est de la faute de celui qui est au pouvoir depuis dix ans. Ce n’est pas Nicolas Sarkozy, c’est la crise, ce n’est pas le Gouvernement, ce sont les chômeurs, les étrangers, les homosexuels, les professeurs, la gauche... qui sont la cible de son interview.
L’un des référendums porterait sur « la question de la juridiction compétente s’agissant du droit des étrangers », le Chef de l’État jugeant que « la juridiction administrative devrait être seule compétente en matière d’immigration ». Dans la loi du 16 juin 2011 sur l’immigration, le Gouvernement avait déjà inversé l’intervention du juge judiciaire et du juge administratif, Sarkozy étant très méfiant des juges judicaires et notamment des juges de la liberté et de la détention, ces empêcheurs d’expulser en rond. Mais ce n’est plus suffisant, et il voudrait maintenant éliminer ceux-ci du processus. Cependant, l’article 66 de la Constitution indique que « l’autorité judiciaire » est la « gardienne de la liberté individuelle », impossible donc de changer la loi sans changer la Constitution et donc sans avoir l’accord du Sénat… d’où évidemment le passage par le référendum.
L’interview aborde aussi un sujet qui menace directement un très grand nombre des Français établis hors de France, ceux et celles d’entre eux dont la conjointe ou le conjoint est étranger : le droit au séjour en France pour cette conjointe ou ce conjoint. Les gouvernements successifs depuis 10 ans n’ont eu de cesse de durcir la législation en matière de mariage et de séjour pour ceux-ci et de les stigmatiser sous couvert de lutte contre les mariages blancs ou les mariages gris. Aujourd’hui, le Président de la République voudrait qu’ils « soient soumis aux mêmes conditions de logement et de ressources » que tous les autres étrangers afin de combattre les fraudes. Les couples franco-étrangers, pour lesquels il est déjà plus difficile de venir s’installer en France que les couples unissant des citoyens d’autres États membres de l’Union européenne à des ressortissants d’États tiers (voir ma question écrite du 19 janvier 2011), verraient donc une nouvelle barrière s’élever devant eux, celle des ressources.
Le vrai référendum aura lieu les 22 avril et 6 mai. Il opposera un président sortant avec un bilan catastrophique et un homme qui a une vision pour redresser la France dans la justice et l’équité et avec la volonté de rassembler les Français. Avec François HOLLANDE, le changement c’est maintenant !