Le parti d’extrême droite est dans l’œil du cyclone, ou plutôt dans le viseur de la justice.
Alors que l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs d’assistants de députés Front National au Parlement européen s’est accélérée la semaine dernière, c’est au tour de Frédéric Chatillon de faire l’objet d’une mise en examen. Les juges soupçonnent le pilier de la communication du Front national et sa société Riwal d’avoir accordé un crédit au parti frontiste via Jeanne, un mouvement satellite du FN. Catherine Griset, cheffe de cabinet de Marine Le Pen est, elle aussi, dans l’œil du cyclone pour recel d’abus de confiance dans l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs. Par ailleurs, le siège du FN à Nanterre (Hauts-de-Seine) a été une nouvelle fois perquisitionné et une autre enquête, encore au stade préliminaire, a été ouverte début novembre concernant les régionales de 2015.
Le comble ? La présidente du FN, en tête dans les sondages pour le premier tour de l’élection présidentielle, fervente défenseur de la police, qui confiait au magazine Complément d’enquête (France 2), fin mars 2015, « ne pas être du genre à fuir la justice », refuse aujourd’hui d’obtempérer et n’a pas dénié répondre aux convocations de la police dans le cadre de l’enquête sur l’enrichissement frauduleux présumé lors des élections législatives de 2012 concernant ses proches mis en examen.
Elle justifie son absence en expliquant que, comme pendant les régionales, elle ne répondrait pas pendant la campagne électorale. Cette période ne permettant pas, selon la présidente du parti, ni la neutralité ni la sérénité nécessaire au fonctionnement correct de la justice.
La campagne électorale a bon dos. Une stratégie assumée dont elle souhaite tirer tous les bénéfices électoraux. Pour ses militants, le FN garde une image d’intégrité malgré toutes les affaires. Difficilement compréhensible, lorsque l’on sait que le FN est le parti le plus poursuivi de France et que Marine Le Pen risque jusqu’à dix ans d’inéligibilité.
Concernant les soupçons d’emplois fictifs, le Parlement européen les estime suffisamment établis pour avoir réclamé à Marine Le Pen un total de 339.946 euros de salaires qu’il considère indûment versés. En l’absence de remboursement de la présidente du FN, l’assemblée européenne a commencé mi-février à recouvrer ces sommes en amputant de moitié l’indemnité de Marine Le Pen. On comprend mieux son silence au sujet du #FillonGate difficile de juger des casseroles des autres quand on traîne derrière soi des marmites entières.