Le candidat sortant Nicolas Sarkozy a proposé hier soir de taxer les exilés fiscaux. Venant de celui dont le mandat a été marqué par l’injustice fiscale et qui justifiait début mars l’exil fiscal pour combattre la proposition de François Hollande sur la tranche supérieure à 75%, cela est assez ironique.
Nicolas Sarkozy a beau dire que la mesure ne concernera que les exilés fiscaux, il n’y a aucun moyen de séparer le bon grain de l’ivraie et de faire la différence entre les exilés fiscaux et les autres Français établis hors de France. Il faut noter le flou de sa définition de l’exilé fiscal, qui est « celui qui veut rester Français pour la nationalité, mais qui ne veut pas rester en France pour la fiscalité ». On voit là une nouvelle tentative d’opposer les Français, comme cela avait déjà été fait lors du débat sur l’identité nationale, débat auquel nous nous étions opposés.
D’un point de vue pratique, pour imposer les Français établis hors de France, exilés fiscaux ou non, le Gouvernement devrait dénoncer et renégocier 180 conventions fiscales, chose compliquée sur le plan technique et diplomatique. À cet égard, la France dispose de moins de moyens de persuasion que les États-Unis, qui sont l’un des rares pays à imposer leurs résidents de l’étranger.