En janvier 2016, j’avais effectué une visite en Arabie Saoudite pendant laquelle avait été évoqué le problème des salaires impayés des expatriés de l’entreprise d’Oger International.
Si l’intervention de l’ambassade de France à Riyad avait permis de résoudre une partie du problème, il reste malheureusement encore beaucoup à faire comme l’indique l’article du Parisien ci-dessous.
Arabie saoudite : les expatriés français d'Oger International réclament leurs salaires impayés
Des salariés d'Oger International, expatriés en Arabie saoudite, ne sont plus payés depuis des mois. Certains ont saisi les prud'hommes.
Près d'un an sans être payé. C'est ce que vivent 261 Français expatriés en Arabie saoudite qui travaillent pour la société de BTP Oger International, basée à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), filiale du géant libanais Saudi Oger. Las de cette situation, certains ont décidé de passer par la voie judiciaire. « Nous avons saisi le conseil de prud'hommes de Bobigny, 36 requêtes ont déjà été déposées et 15 de plus vont bientôt l'être », annonce Me Jean-Luc Tissot, en charge du dossier avec Me Caroline Wassermann. L'audience de conciliation est prévue pour le 13 septembre.
Pour ces expatriés, la galère dure depuis presque deux ans, quand l'Etat saoudien a décidé, en raison de la crise économique que connaît le pays, de ralentir ses paiements à son principal client dans le BTP, Saudi Oger, société libanaise et maison mère d'Oger International, à qui elle doit 45 M€.
Non-versement des cotisations sociales
Faute d'argent dans ses caisses, Saudi Oger a commencé à ne plus payer ses fournisseurs, ni ses salariés, passés de 38 000 début 2016 à 7 000 aujourd'hui. « Avec chaque mois, la promesse que tout était en passe d'être réglé », raconte Gérard*, 57 ans. Cet ancien coordinateur de travaux pour Oger International a quitté l'Arabie saoudite en octobre 2016, après presque dix-sept ans. Durant les cinq premiers mois, beaucoup ont cru aux promesses, puis « la situation est devenue très tendue pour certaines familles », poursuit Gérard. « Si vous avez des dettes ou des crédits dans une banque, vous ne pouvez pas partir du pays tant que vous n'avez pas soldé ces comptes ». Lui a pu quitter l'Arabie saoudite grâce à la diplomatie française. L'intervention de l'ambassade française à Riyad avait permis de faire payer une partie des salaires par le ministère du Travail saoudien en septembre 2016. « L'ambassade nous a ensuite poussés à partir en promettant de suivre la procédure du deuxième versement », explique Gérard, qui attend encore neuf mois de salaire. Il revient d'une mission en Afrique de l'Ouest et cherche à rebondir en France ou à l'étranger.
D'autres salariés sont encore sur place et espèrent toujours recevoir leurs salaires. La fermeture de l'entreprise pourrait intervenir fin juillet, selon la presse libanaise. Mais aucune précision n'est donnée sur le versement des arriérés de salaire. « Les sommes impayées peuvent dépasser les 100 000 € dans certains cas, et à cela s'ajoute le non-versement des cotisations sociales », indique Me Caroline Wassermann, qui parle « de méthodes scandaleuses ».
Au ministère des Affaires étrangères français, on assure que « l'ambassade à Riyad est en contact régulier avec les autorités saoudiennes ». Mais rien ne bouge. La diplomatie française connaît pourtant bien Saudi Oger. La société est détenue par Saad Hariri, Premier ministre libanais. De passage en France le 3 avril dernier, il a été promu commandeur de la Légion d'honneur. Une distinction qui passe mal pour les salariés non payés de sa filiale française.
* Le prénom a été changé.
Le Parisien, 20 juillet 2017, 9h30