Un débat sur la stratégie vaccinale doit prochainement se tenir à l’Assemblée nationale (16 décembre) et au Sénat (17 décembre). Dans cette perspective, le secrétaire d’État chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie, Jean-Baptiste Lemoyne, s’est entretenu avec les parlementaires des Français établis hors de France et le président de l’Assemblée des Français de l’étranger.
M. Lemoyne a rappelé que la stratégie vaccinale adoptée par la France se déclinera en trois phases. La première phase (janvier-février 2021) concernera les personnes âgées vivant en établissement (EHPAD, etc.) ainsi que les professionnels les accompagnant et présentant un risque élevé (environ un million de personnes). La deuxième phase (février-printemps 2021) concernera les personnes présentant un facteur de risque lié à l’âge ou à une pathologie chronique, ainsi que certains professionnels de santé (14 millions de personnes). Quant à la troisième phase (à partir du printemps 2021), elle concernera l’ensemble de la population.
La vaccination sera non obligatoire et gratuite. La France disposera de 200 millions de doses qui permettront de vacciner 100 millions de personnes (deux injections à quelques semaines d’intervalle). Le dispositif reposera sur la médecine de ville.
La stratégie doit inclure les Français établis hors de France, ainsi que les personnels de l’État et de ses opérateurs en poste à l’étranger.
M. Lemoyne a souligné la nécessité de mettre en place une « approche pays par pays et adaptative ». La situation est en effet différente d’un pays à l’autre. Certains gouvernements refusent les vaccins (Madagascar, etc.). D’autres gouvernements nient purement et simplement l’existence de la pandémie (Turkménistan, etc.).
Le Quai d’Orsay a prévu de consulter le réseau diplomatique et consulaire au sujet des stratégies locales et des besoins des communautés françaises.
Il importe de tirer les leçons de la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1). En 2009, 1,4 million de Français étaient établis hors de France. Alors que 550.000 doses avaient été envoyées aux postes diplomatiques et consulaires, seules 62.800 doses avaient été administrées. Résultat : de nombreuses doses avaient été détruites.
Aux questions logistiques viennent s’ajouter des questions d’ordre éthique (nécessité de tenir compte de la réalité vécue par les populations des pays en développement, etc.).
Le ministre a indiqué que le dispositif de vaccination des Français établis hors de France devra être « imbriqué dans les stratégies locales ». Il devra en outre reposer sur deux principes, à savoir l’équité de traitement entre Français et la subsidiarité (vaccination dans le pays de résidence en cas de disponibilité d’un vaccin).
M. Lemoyne a par ailleurs souligné la nécessité de réfléchir à des dispositifs d’aide pour nos compatriotes en difficulté.
La concertation avec nos partenaires européens est une autre nécessité.
Il conviendra également de mobiliser les forces médicales en présence (centres médico-sociaux, instituts Pasteur, médecins des postes diplomatiques et consulaires).
Le président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, a été sensibilisé à la problématique spécifique des Français établis hors de France, qui sera prochainement abordée dans le cadre du conseil de défense.
Le responsable de la « task force » coronavirus, Axel Cruau, a indiqué qu’une circulaire du secrétaire général du Quai d’Orsay est sur le point d’être envoyée aux postes diplomatiques et consulaires, qui devront répondre à un questionnaire très détaillé. La remontée des informations s’étalera sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
M. Cruau a annoncé le lancement d’une coordination européenne. L’objectif est d’« être plus intelligents ensemble ».
Un dialogue avec la Caisse des Français de l’étranger (CFE) est par ailleurs prévu.
De nombreuses questions se posent : quid des pays rendant obligatoire la vaccination et recourant à des vaccins non autorisés en France ? quid des agents de droit local employés par les postes diplomatiques et consulaires ?
M. Lemoyne fera un point d’étape à la mi-janvier.