Hier au Sénat se sont tenues les Assises de la prostitution organisées par le Collectif « droits et prostitution ». C’est une excellente initiative qui tranchait un peu avec le public habituel du Sénat. Plusieurs collègues sénateurs ou plutôt sénatrices y ont participé.Grand succès puisque la salle Monnerville était pleine, de nombreuses organisations de tout genre étaient présentes y compris le Strass (syndicat les travailleurs du sexe), fondé il y a un an lors des assises qui s’étaient tenues à l’Odéon à auxquelles Michèle André et moi avions assisté.
Trois tables rondes ont traité les questions suivantes : internet et prostitution, maison close –maison ouverte, pénalisation des clients. De la partie des débats que j’ai pu suivre, j’ai retenu, sur le premier thème, que la prostitution sur Internet avait des caractéristiques très différentes de la prostitution en maison ou en public. Ces nouvelles travailleuses du sexe ont un profil social très différent : elles sont souvent salariées, mariées et mères, bref bien intégrées. Mais le recours à Internet les isole, ne leur permet pas de bénéficier des conseils et de l’expérience de leurs ainé(e)s et elles sont souvent plus victimes de violences. Il y a aussi une répression policière injustifiée à leur égard. Certaines associations commencent à s’occuper d’elles et de leurs problèmes spécifiques mais c’est une démarche longue et difficile. Sur la question « maison close, maison ouverte » on a regretté l’absence de Mme Chantal Brunel, député UMP de Seine et Marne, qui vient de publier un livre proposant la réouverture de maisons « ouvertes », sur le modèle suisse, allemand et belge. Ainsi les travailleuses du sexe travaillent dans des conditions matérielles convenables, craignent moins les violences, échappent aux proxénètes. Cette idée qui est a priori séduisante n’a pas que des soutiens parmi les prostitué(e)s qui craignent entre autre, de voir leur liberté limitée. Une formule a été avancée : celle de maisons en « coopérative » c'est-à-dire crées et gérées par les travailleuses elles-mêmes. À suivre…. En attendant la première mesure de bon sens à prendre est la suppression du délit de racolage passif institué par la LOPSI de 2003 qui permet tous les abus en termes de gardes à vue, d’inculpations et de contraventions. Ce sera un des enjeux de la discussion prochaine de la loi sur les violences faites aux femmes qui vient bientôt devant le Sénat.