Cet après-midi, le Senat a voté sur la proposition de loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie. Avec mes collègues du groupe socialiste et Républicain j’ai voté contre car la droite sénatoriale a modifié ce texte en supprimant même les acquis des lois Léonetti et des lois votées à la fin des années 90. Une telle régression, un tel conservatisme, une attitude aussi réactionnaire n’est pas tolérable.
Le texte proposé par le Gouvernement ouvrait véritablement de nouveaux droits pour les personnes malades ou en fin de vie. Il permettait de mettre fin à deux hypocrisies : oui, des médecins pratiquaient déjà des sédations profondes, en accord avec leurs patients et les familles ; oui, certains produits étaient utilisés à ces fins précises. Ce texte rendait service aux malades, aux familles, au personnel médical. Si on pouvait regretter le fait qu’il n’aille pas plus loin (avec par exemple l’amendement que nous avions déposé pour permettre aux personnes en grande souffrance de demander une aide médicalisée à mourir) il offrait tout de même des avancées réclamées par l’ensemble des acteurs.
Cette proposition de loi avait d’ailleurs fait l’objet d’un beau travail entre les différents groupes à l’Assemblée nationale ; et le produit de cette entente transpartisane avait été salué par tous.
Mais la droite réactionnaire sénatoriale a réussi un exploit remarquable et détestable : elle a vidé de sa substance ce texte et, se sentant pousser des ailes, elle a même détricoté la Loi Léonetti.
Comment ? Lors de l’examen en séance, les députés conservateurs, cathos-tradis ont pris en otage les débats, allant même jusqu’à pousser le président de la commission des affaires sociales du groupe les Républicains à les désavouer. Ils ont (entre-autres) considéré que « la nutrition et l’hydratation artificielles ne rentrent pas dans le cadre de l’acharnement thérapeutique » Un tel amendement est une régression complète qui interdirait par exemple toute fin de vie à Vincent Lambert. Ces partisans proches des mouvements « tea party à la française » et autres « manif pour tous » nous imposent un texte de recul social, médical et citoyen.
J’ai donc voté contre ; une grande partie de mes collègues centristes et Républicains a fait de même en montrant ainsi que la volonté d’aller dans le sens de ces avancées au-delà des clivages politiciens existe aussi au Sénat n’en déplaise à ceux qui voulaient prouver le contraire.
J’espère que nous aurons bientôt une occasion de défendre des avancés.