Le décès accidentel (chute dans un escalier) de Nicole Bricq me bouleverse. Vendredi soir encore, nous étions côte à côte dans l’hémicycle pour les derniers débats sur la loi organique de moralisation de la vie publique.
Je la connaissais depuis 1974 car cette année-là le PSU, dont j’étais, avait rejoint le PS.
Elle était Premier secrétaire de la Fédération de Paris et à ce titre, elle nous avait « accueillis ». Je mets des guillemets car elle appartenait à l’aile dure du CERES de Chevènement qui se méfiait de cette « deuxième » gauche, réaliste sur le plan économique, autogestionnaire, décentralisatrice. Et qui craignait pour son programme commun et son alliance avec le PC.
Et puis nous avons évolué, elle comme moi, et quand j’ai été élu sénateur des Français établis hors de France en 2004, je l’ai retrouvé au Sénat, sénatrice socialiste de Seine-et-Marne, proche de Lionel Jospin, de DSK et de François Hollande. Elle m’a alors témoigné de l’amitié et m’a aidé à m’y retrouver dans la mécanique parlementaire. Elle m’a ainsi aidé à mettre au point ma première proposition de loi sur les actions de groupe.
Nous nous sommes retrouvés à la Commission des finances dont elle était rapporteure générale, une tâche écrasante et complexe mais où elle trouvait à employer ses connaissances fiscales et économiques.
Elle a ensuite été ministre du commerce extérieur, lançant de nombreuses pistes de réflexion et d’action en particulier au niveau européen.
Elle avait un caractère indomptable, rebelle, et disait toujours ce qu’elle pensait. C’était parfois un peu raide mais elle n’y mettait aucune méchanceté ou désobligeance.
Nous perdons, la France perd, une grande dame.