Seulement une semaine après avoir ouvert les débats à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites, l’opposition hystérique empêche tout examen du projet de loi avec le dépôt de 40 634 amendements.
Il est impossible d’ignorer l’obstruction parlementaire qui se dégage de ces agissements. Entre le triste spectacle démocratique d’un hémicycle où résonnent cris et injures et les suspensions de séances, on peine à voir le bout de cette réforme.
Quelle image donne-t-on aux citoyens si ce n’est celui d’élus incapables de débattre sur un sujet primordial tel que celui du système des retraites ? L’Assemblée nationale n’est-elle pas le lieu de l’expression démocratique ?
La démocratie repose sur le principe de souveraineté attribuée aux citoyens par le biais de représentants élus par leurs soins. Les Français méritent un véritable débat sur le fond afin de saisir toutes les particularités et les enjeux du nouveau système de retraite universel. Quand la France Insoumise emploie des termes aussi dangereux que « LBD parlementaire », nous ne voyons là qu’un antiparlementarisme primaire.
Que faire face à cette situation qui s’enlise à l’Assemblée ?
Il y a bien un moyen de répondre à cette obstruction parlementaire : l’utilisation de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Cet article permet au Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, d’engager la responsabilité du gouvernement sur le vote d’un projet de loi en débat à l’Assemblée nationale.
Edouard Philippe s’est dit pourtant réticent à l’emploi de cette procédure mais elle demeure une possibilité au regard de ce dialogue impossible. Il est regrettable de voir le débat ainsi empêché par une opposition peu soucieuse des règles. L’article 49.3 n’est pas brandi comme une arme constitutionnelle mais comme un outil permettant au Gouvernement de prouver la nécessité de sa réforme et d’assumer sa responsabilité quoi qu’il en coûte. Cela reste une mesure exceptionnelle à situation exceptionnelle, l’exécutif n’a pas encore envisagé cette option. Pour ma part, en raison de l’urgence de respecter le calendrier parlementaire, nous ne pouvons-nous permettre d’entrer dans le jeu de l’opposition.
Le Sénat restera alors la seule possibilité d’offrir un débat contradictoire, sérieux et digne à la hauteur des attentes des Français.