Ce mardi, le Premier ministre a présenté le plan de déconfinement, contesté avant même d’avoir été annoncé. En effet, spéculations et fantasmes ont nourri les conversations et débats ces deux dernières semaines. C’est face aux représentants de la Nation, à l’Assemblée nationale, qu’Édouard Philippe a partagé les directives du gouvernement pour une sortie progressive du confinement à partir du 11 mai. Les députés ont adopté ce plan dans la soirée du mardi à 368 voix pour, 100 contre et 103 abstentions.
Après avoir souligné les efforts de tous les Français dans cette crise inédite, son annonce des résultats du confinement est saisissante : 62 000 décès auraient donc été évités et le nombre de cas atteints du Covid-19 en réanimation a été considérablement réduit.
Ces résultats sont significatifs mais encore insatisfaisants. Toutefois, nous ne pouvons rester dominés par la peur de l’épidémie. Dans un contexte de crise mondiale, la France ne peut rester en situation de léthargie. Le virus est parmi nous, les scientifiques sont unanimes : nous devons apprendre à vivre avec en attendant un vaccin. Que cela signifie-t-il ? Que nous allons adopter encore longtemps ces gestes barrières de sécurité.
La problématique des masques a été évoquée et le Premier ministre ne s’est pas dérobé. En effet, il y a eu une mauvaise gestion au tout début de l’épidémie et la France a fait face à une pénurie de masques. Pouvait-on prévoir ce qu’il allait advenir ? Nous n’avons pas assez de distance sur l’événement. Dans une telle situation d’urgence, difficile de dire qui ferait mieux. L’essentiel est de savoir se rattraper et ce fût le cas. La production de masque a été augmentée par 5 et les importations sont de nouveau possibles. La confection de masque en tissu complète l’offre initiale et le Premier ministre a encouragé la réalisation personnelle de masque en tissu. En ces temps de confinement, il serait judicieux voire même ludique de créer soi-même cet outil qui, dans les semaines à venir, sera résolument pratique. En effet, le port du masque dans certaines situations, comme dans les transports en commun, pourrait devenir indispensable. Les collectivités, quant à elles, seront soutenues par le gouvernement dans l’achat de masques à hauteur de 50% sur leur prix de base.
Edouard Philippe a affirmé la réalisation prochaine de 700 000 tests par semaine à partir du 11 mai en soulignant que toutes les personnes testées positives devront s’isoler à domicile entrainant tout le foyer pour un confinement de deux semaines. Si cela n’est pas possible, des hôtels et lieux précis seront mis à disposition pour assurer l’isolement des personnes susceptibles de contracter le Covid-19. L’application mobile Stopcovid permettant de tracer les personnes en contact avec une personne testée positive, fera l’objet d’un débat à part entière lors d’un vote au Parlement avec un délai de réflexion suffisant pour cerner toutes les problématiques techniques et éthiques. Au sujet de la reprise de l’école, elle se fera progressivement et sur la base du volontariat. On connaît les temps difficiles où les enfants commencent à perdre pied et cela peut entrainer un décrochage scolaire ou un retard significatif pour le reste de leur scolarité. L’option de la réouverture des classes est d’abord pour permettre à ces enfants de retrouver tout ce que l’école républicaine promet : une éducation sérieuse et un espace de partage et de vie. Les conditions sanitaires seront respectées scrupuleusement. Dans l’opposition, on voit très bien les voix qui s’élèvent (toujours les mêmes) contre cette décision. Si on avait indiqué la fermeture des classes jusqu’en septembre, certains membres de l’opposition se seraient tout autant indignés.
À cet égard, je ne peux que soutenir le Premier ministre qui fait face aux critiques en permanence. Je ne crois pas que la fonction d’un parlementaire soit de contredire systématiquement sans rien proposer de concret en retour. Le débat public ne doit pas s’effectuer sur les plateaux de télévision mais au sein de l’hémicycle.
Cela dit, l’activité commerciale devrait reprendre à partir du 11 mai. Les commerçants devront tenir avec rigueur les mesures d’hygiène afin de ne pas avoir à craindre la menace d’un reconfinement. Cela passe par le respect des conditions sanitaires strictes dont chaque commerçant devra justifier dans un cahier des charges. Le déconfinement doit permettre un retour progressif mais prudent à la vie sociale. Ainsi les lieux culturels pourront rouvrir au fur et à mesure et les parcs et espaces publics rouvriront suivant l’évolution de l’épidémie à l’échelle régionale. Il faudra un certain temps avant que le reste des activités culturelles et sociales reprennent pleinement. Tout l’enjeu réside dans l’équilibre entre mesures de restriction et reprise d’une vie sociale libre. Nous devons poursuivre collectivement les efforts entrepris depuis plusieurs semaines. C’est ensemble et avec beaucoup de discipline que nous parviendrons à endiguer l’épidémie.
Quant aux restaurants et cafés, il faut analyser les effets du déconfinement sur l’évolution de l’épidémie pour donner une date officielle de réouverture. On connaît la situation très critique des restaurateurs et le Gouvernement essaie au maximum de répondre à l’impératif sanitaire qui oblige pour le moment à la fermeture de ces lieux de convivialité si chers à tous les Français.
Le Premier ministre a proposé au pays une démarche de déconfinement très prudente, empirique et modeste. C’est, je crois, ce que demandent les Français.