Alors que nous discutons en ce moment au Sénat le projet de loi confortant le respect des principes de la République, 4 amendements ont été adoptés qui introduisent dans le texte le sujet du port des signes religieux dans l’espace public, malgré les vifs débats.
Deux amendements identiques LR et RDSE ont été adoptés, visant à appliquer l’obligation de neutralité aux personnes concourant au service public de l’éducation, notamment aux personnes accompagnant les sorties scolaires. Un amendement LR a également été adopté concernant la neutralité dans les piscines. Enfin, un amendement RDSE a été adopté interdisant le port par des mineurs, dans l’espace public, de signes ou tenues par lesquels ils manifestent ostensiblement une appartenance religieuse ou de « tout habit ou vêtement qui signifierait l’infériorisation de la femme sur l’homme » (Formulation très approximative, qui soulève de nombreux enjeux d’appréciation…).
Le bruit sur les réunions non-mixtes, à l’encontre desquelles les critiques sont légitimes, nous force à faire une mise au point sur l’universalisme pour le replacer au cœur de nos valeurs. Il me paraît hypocrite de la part de la droite de voter ces amendements, qui renforcent le ségrégationnisme qu’elle critiquait il y a trois jours.
Le groupe RDPI s’est rangé aux côtés du Gouvernement, du groupe Socialiste, du groupe Écologiste ainsi que d’une partie du groupe Union Centriste (assez divisé sur ces questions) pour voter en bloc contre ces amendements qui remettent en cause la liberté religieuse. La conception de laïcité à la française n’est pas celle de la neutralité de tous dans l’espace public ni celle des usagers du service public, mais l’expression de la pluralité des opinions, dans le respect de l’ordre public. Les mères accompagnatrices sont des bénévoles, et non des agentes de l’État. Et les écoles ont besoin de toutes les mamans. De surcroît, tous ces amendements portent un fort risque de censure constitutionnelle. Ils seront de toute façon retoqués par les députés. Je trouve ça toutefois dommage que le débat du texte au Sénat se cristallise autant autour de ces questions-là alors que nous avons l’opportunité de proposer des améliorations constructives et concrètes.