L’Assemblée nationale débat aujourd’hui de la proposition de loi « donnant et garantissant le droit à une fin de vie libre et choisie », dans le cadre de la niche parlementaire accordée au groupe Liberté et Territoires. Alors que la situation sanitaire a collectivement changé notre rapport à la mort, il me semble qu’une réflexion d’ensemble est nécessaire.
Je condamne évidemment l’entrave au débat à l’Assemblée nationale, organisée par quelques députés LR, qui ont déposé plus de 3000 amendements sur le texte pour s’assurer de l’impossibilité d’aller jusqu’au bout du texte dans le temps imparti. Le dialogue parlementaire ne devrait jamais faire l’objet de manipulations puériles.
Toutefois, même si mon expérience de législateur m’a montré que les niches parlementaires étaient essentielles, elles ne sont pas forcément le meilleur moyen de discuter sur des lois aussi importantes. Il nous est souvent arrivé de ne pouvoir aller au bout de certains textes lors de niches, alors que ceux-ci étaient nettement moins fondamentaux. Elles ne permettent le débat que dans un temps limité. Or, la question de la mort dans la dignité nous demande un face-à-face avec nous-mêmes, êtres humains, puisque c’est sur notre fin de vie, constitutive de notre existence sur Terre, que nous régissons. Je ne suis en principe pas opposé à cette loi, et la population non plus, puisque les sondages montrent qu’une majorité des Français y seraient favorables. Je souhaite simplement qu’on y consacre plus de temps qu’une simple après-midi. Les précédentes lois qui régissent la fin de vie sont nées de longues concertations entre communautés de chercheurs, médecins, religieuses, philosophiques, et d’associations de patients. De surcroît, si la dignité dans la mort est une question essentielle, il nous faut bien réfléchir sur ses conditions.
Considérons alors le débat de cette après-midi à l’Assemblée Nationale comme une première pierre posée à l’édifice, augure d’un débat plus long, qui rassemblerait parlementaires et société civile, afin de s’assurer qu’une telle transition sociétale se fait sans accroches, et dans le respect des convictions de chacune et de chacun.