Je profite d’une visite à Canterbury (Kent) pour revoir mon ancienne école King’s School et la cathédrale. Élèves de l’école, une de nos obligations était de faire visiter ce haut lieu historique et, bien sûr, les touristes français m’étaient réservés en priorité. J’ai donc tout appris des débuts du christianisme en Angleterre, du meurtre de Thomas Beckett par les sbires de Henri II Plantagenet (lui-même enterré avec Richard Cœur de Lion dans la magnifique abbaye de Fontevraud aux confins de la Touraine et de l’Anjou, à l’époque terre anglaise).
Mes parents qui connaissaient indirectement le Headmaster par missionnaire anglican interposé, avaient pensé qu’une scolarité dans une école anglaise me serait profitable. Et cela devait aussi flatter leurs espérances de moyenne bourgeoisie de voir leur fils dans une des Public Schools renommée.
En 1964 donc, uniforme, canotier, canne à pommeau me voilà devenu un membre par procuration de la gentry. Nous vivons dans des maisons du moyen-âge modernisées, éparpillées autour de la cathédrale. Je suis dans Walpole House où une trentaine de garçons (l’école n’est pas mixte comme aujourd’hui) vivent en quasi autogestion : toutes les questions de vie courante et de discipline sont traitées par des House Heads ou, si plus grave, Head Boy pour toute l’école, tous élus. Leurs pouvoirs sont considérables et peuvent être appliqués assez brutalement.
La partie académique de l’enseignement se fait le matin, 3 ou 4 heures. La partie sérieuse étant l’après-midi : sport intensif, viril (aviron avec cette ambition suprême de ramer pour le 8 d’Oxford ou Cambridge ; rugby, foot) ou culture (beaucoup de musique, de théâtre). Il ne s’agit pas de remplir les têtes de connaissances mais de former de futurs dirigeants. Le système est efficace mais très élitiste : ce sont les mêmes familles qui se succèdent sur des générations. On a cherché à « démocratiser » ces écoles en offrant 10 ou 20% de bourses (la scolarité est chère) : j’espère que cela permet à des jeunes de famille modeste de s’y former.
PS : je me réjouis de la décision du Conseil de sécurité de cette nuit qui permet de créer la zone d’exclusion aérienne sur la Libye et de protéger les populations civiles. La mise en œuvre ne sera pas simple mais nous aurons fait notre possible.