Sous la voute étoilée de la Provence, on oublie, pour quelques jours les problèmes du monde en écoutant un des derniers opéras de Mozart : « La Clémence de Titus ». Celui-ci, empereur de Rome, décide de renvoyer chez elle Bérénice, qu’il aime pourtant. Et puisqu’elle était reine de Cilicie, elle était de nationalité turque.
La question que ne s’est pas posé Titus, c’est de savoir si le règlement Dublin II s’appliquait à la reine : dans ce cas elle devait rester dans le pays de premier entrée sur le territoire Schengen c'est-à-dire probablement en Grèce. La difficulté, c’est que ce Règlement est remis en cause en particulier par des décisions récentes de la Cour de justice Européenne qui considère que dans certains cas, lorsque le pays de première entrée n’offre pas de garanties minima d’accueil des migrants, ils doivent rester dans le pays où ils se trouvent. C’est le cas de la Grèce qui a même supprimé les foyers pour migrants et érigé un mur – dérisoire- sur sa frontière européenne avec la Turquie.
C’est de cela que les ministres européens viennent de discuter à Sopot en Pologne. La France a de nouveau proposé une forme de rétablissement de frontières nationales en cas d’afflux migratoire, proposition heureusement rejetée par la plupart des pays qui y voient un retour en arrière sur l’acquis Schengen et qui soulignent que les instruments existent déjà pour faire face à de telles situations. Dommage que notre pays s’illustre dans la construction européenne comme étant un des plus nationaliste et xénophobe. Il y a tant à faire pour développer une politique commune de l’asile, de l’accueil et de la préparation au retour des immigrants illégaux, à soutenir la Tunisie et l’Egypte pour leurs camps d’accueil des réfugiés de Libye...
Voilà ce dont Titus devrait s’occuper plutôt que de passer d’une favorite à une autre sans se décider !