Laurent Binet est le talentueux romancier qui a écrit HHhH, traitant des relations entre Heydrich et Himmler au sein de la gouvernance SS et l’assassinat du premier par un groupe de Résistants tchèques à Prague.
Cette fois-ci, nous sommes dans un registre moins dramatique puisqu’il s’agit de suivre les 12 mois de la campagne primaire et présidentielle de François Hollande. Un peu comme Yasmina Reza l’avait fait pour la campagne de Nicolas Sarkozy, mais bien évidemment dans un style différent.
Laurent Binet montre d’emblée une certaine distance avec son sujet : il est certes de gauche mais pas un aficionado de François Hollande. Il pencherait plutôt pour Mélenchon et l’un des intérêts du livre est montrer son évolution sur ce point. Nous suivons les réunions du groupe qui pilote la campagne : Mosco, Sapin, Valls, Aquilino Morelle (le speech writer), Peillon, Bartolone, Gravel, Faure, … Plus tous ceux qui font tourner la machine. On apprend comment le candidat réécrit presque toujours ses discours (malgré les très bons projets préparés par Morelle et Bachelay), l’entrainement aux arguments qui tuent, le rôle de Valérie T. Je remarque qu’il y a peu de sénateurs dans le coup, à part Rebsamen et que manifestement l’étranger n’était pas la priorité : « l’erreur était d’aller à Londres. Ce voyage ne servait à rien. Tout le monde se focalise sur l’international mais dans une élection présidentielle française, ce n’est jamais là-dessus que ça se joue ». No comment !