Erri De Luca nous a conquis avec « Montedidio », récit de sa famille de Naples, déchue de sa richesse par la guerre et par « le jour avant le bonheur » qui décrit, également à Naples, la vie d’un jeune en apprentissage de métier et de la vie chez un cordonnier au grand cœur.
« Les poissons ne ferment pas les yeux » (Gallimard) appartiennent aussi à la jeunesse de l’auteur et à une exploration profonde de lui-même vers l’âge de 10 ans. Mais cette fois-ci, il ya plus de lumière et de bonheur. Ce sont les vacances. Dans une île, un petit appartement avec sa mère, la plage, la pêche avec les marins du coin, un sentiment de liberté mais aussi celui de devenir « grand » , « adulte » et de savoir ce que le verbe « aimer » veut dire. Une fillette du Nord (on est sans doute à Ischia près de Naples) sur la plage : elle lit des romans toute la journée et se montre très mûre. Les liens qui se tissent là vont aussi appeler la jalousie d’un groupe de trois garçons qui vont finalement le passer à tabac sans qu’il n’oppose de résistance, « pour voir ». Un peu plus tard, l’initiation au sentiment amoureux viendra.
Écriture très serrée, pudique, suggestive, voilà le style De Luca. Lui même personnage hors pair : militant révolutionnaire, ouvrier, traducteur de la Bible de l’hébreu vers l’italien, alpiniste de renommée, … À découvrir !