C’est dommage de commencer l’année par un scandale dans un verre d’eau.
Thomas Piketty a tout à fait le droit de refuser la Légion d’honneur : il n’est pas le premier. Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Marcel Aymé, Georges Brassens, Brigitte Bardot ont fait de même. Il y a de multiples raisons : refus d’être « acheté », ne pas coexister avec des personnes peu recommandables, la modestie, rejet du gouvernement, ...
Mais ce n’est pas ce que dit notre économiste. Dire que « ce n’est pas le rôle du gouvernement de dire qui est honorable » est idiot. On peut supprimer tout bonnement les décorations, mérites, distinctions, ... comme c’est le cas en Suisse, pays égalitariste s’il en est. Mais sinon, qui d’autre que l’État serait qualifié pour les accorder ?
Puis suit cette flèche de Parthe « il –le gouvernement– devrait se consacrer à la relance de la croissance ». Là on sent comme une certaine amertume : Piketty refuserait-il la Légion d’honneur parce qu’il n’apprécie pas la politique du gouvernement ? Dans ce cas il faut le dire clairement comme Marcel Aymé (et je ne vous ai pas donné toute la citation). On savait Piketty déçu du refus d’une réforme fiscale significative : révision de l’IRPP, fusion avec la CSG et prélèvement à la source. Il n’est pas le seul, j’en fais aussi partie et je n’ai toujours pas compris pourquoi ce n’était pas techniquement possible (dixit Bercy, mais je soupçonne les syndicats des impôts de croire qu’ils défendent ainsi leurs emplois).
Mais ce qu’il dit ressemble à une petite vengeance mesquine. Ainsi on peut de développer une analyse économique brillante, vendre 1,5 million de livres (je ne pense pas qu’un million et demi de personnes aient lu ce gros ouvrage difficile) et dire des bêtises. N’est pas Marcel Aymé qui veut !