La maison d’édition Gallimard a annoncé hier qu’elle suspendrait la republication de trois textes antisémites écrits par l’auteur de « Voyage au bout de la nuit ». Cette décision fait notamment suite aux protestations de l’association des Fils et Filles de déportées de France dont le président Serge Klarsfeld a fait entendre sa vive opposition à toute republication de ces « brûlots anti-juifs ».
Bien que je comprenne que la réédition de ces trois pamphlets puisse choquer et blesser, je soutiens la démarche de Gallimard consistant à les publier au sein d’une édition critique. Ces œuvres présentent un intérêt littéraire et historique indéniable. D’une part, parce que leur auteur est un des grands écrivains de la littérature française, d’autre part parce qu’elles témoignent du climat antisémite habitant la France de l’occupation. Ainsi, « Bagatelles pour un massacre », l’un des trois pamphlets visés par cette réédition, fut l’un des ouvrages les plus vendus sous Vichy.
Au même titre que pour « Mein Kampf », d’ailleurs récemment réédité par Fayard en 2016, une republication de ces pamphlets accompagnée de commentaires critiques peut s’avérer utile dans la lutte contre l’antisémitisme. Replaçant ces écrits dans leur contexte, une telle édition permettra de mettre en lumière les racines d’un tel fléau. Serge Klarsfeld s’est opposé à ce projet prétextant « qu’aucun appareillage critique ne peut alléger la teneur des propos de Céline ». Ce à quoi je réponds : Cette réédition ne cherche nullement à atténuer le message antisémite de ces écrits aujourd’hui partout disponibles sur Internet, mais bien au contraire à souligner sa gravité afin d’en éviter la recrudescence.