Aujourd’hui, lundi 3 mai, marque la journée mondiale de la liberté de la presse. C’est l’occasion pour moi de rappeler l’importance de celle-ci, et que même dans les démocraties, il reste encore du chemin à parcourir.
Selon Reporters sans Frontières, depuis le début de l’année 2021, 8 journalistes et 4 collaborateurs ont déjà été tués. Preuve qu’exercer ce métier n’est pas un choix facile dans notre monde, les deux journalistes espagnols David Beriain et Roberto Fraile ont été tués aussi récemment que le 27 avril au Burkina Faso, dans l’est du pays.
À ce jour, et toujours selon RSF, 317 journalistes, 100 journalistes citoyens et 13 collaborateurs sont emprisonnés. J’ai une pensée émue pour ceux-ci. Alexei Navalny est l’un d’eux : après avoir arrêté sa grève de la faim (la Russie de Poutine n’en ayant cure), il a comparu devant une audience il y a quelques jours pour réfuter des énièmes accusations factices. Les manifestations de soutien de vendredi dernier se sont soldées par 2000 arrestations… Il semblerait que toutes les personnes aspirant à la liberté soient maintenant des ennemies de la nation russe.
La pandémie a aussi mis davantage en lumière la prolifération massive de fausses informations, qui viennent mettre en péril, au jour le jour, la crédibilité du factuel. La censure étatique reste extrêmement prégnante alors que Pékin et Moscou tentent tant bien que mal de lancer une stratégie mondiale médiatique grâce à CGTN et Sputnik. Ces chaînes, fort heureusement, ne réalisent pour l’instant pas de parts d’audiences inquiétantes, mais jouent trop souvent sur une porosité entre les faits réels et ceux établis par les régimes, avec qui elles ont des liens avérés. La liberté de presse ne peut pas se dissocier d’un droit à l’information fiable.
En France, trop de journalistes sont parfois pris à partie (par exemple lors du mouvement des gilets jaunes) ou victimes lors d’arrestations arbitraires lors de manifestations. Le climat général sur les réseaux sociaux reste très hostile aux journalistes, qui, semblerait-il, sont les victimes d’une crise de confiance dans les médias. Alors que nous nous approchons d’échéances politiques cruciales, il faudra veiller à respecter leur travail. La liberté d’informer est le fondement du bon fonctionnement de notre démocratie ; continuons à l’apprécier et à la célébrer comme il se doit. Un vieux canard ne manque d’ailleurs pas de rappeler en première page tous les mercredis que la liberté de presse ne s’use que lorsque l’on ne s’en sert pas…