Alors que l’Odéon s’apprête à réouvrir, mais qu’une centaine de théâtres restent occupés partout en France, il me semble pertinent de rappeler les aides dont le secteur culturel a bénéficié durant cette année.
Il est clair que les intermittents du spectacle, et, de manière plus large, les professionnels de la culture, ont été durement touchés par la crise sanitaire. Afin de limiter la propagation du virus, il a fallu, tout comme les cafés, bars, et restaurants, fermer les portes des cinémas, théâtres, ou annuler des festivals. Nous sommes une nation très attachée à la Culture, et logiquement, j’ai souffert comme chaque Français de ce manque.
Pourtant, il me semble dur de dire que le Gouvernement n’a pas été à la hauteur. Depuis le début de la crise, il a officiellement mobilisé 11 milliards d’euros pour le secteur culturel. Sur les 500 milliards débloqués, ces 11 milliards représentent à peu près le poids des industries créatives et culturelles dans l’économie générale. Voici comment ces aides ont été réparties :
- 3,9 milliards de prêts garantis par l’État ;
- 3,75 milliards de filets de sécurité, comprenant :
- 1,9 milliards du fonds de solidarité ;
- 1,45 milliards d’aides d’urgence via le dispositif d’activité partielle ;
- au moins 400 millions d’exonération et d’aides au paiement de charges sociales ;
- 949 millions budgétés pour financer l’année blanche ;
- 1,4 milliards en crédits nouveaux pour le Ministère de la Culture, comprenant aides aux festivals et compensation pour les pertes de billetterie ;
- 148 millions annoncés récemment pour aider les secteurs du cinéma et du spectacle vivant dans la réouverture des salles ;
- 2 milliards d’euros compris dans le plan de relance : en plus des sommes allouées aux filières traditionnelles, France Relance comprend aussi de nouveaux investissements, dont le plan cathédrales et la restauration de monuments historiques n’appartenant pas à l’État.
En faisant l’addition, cela fait même plus que 11 milliards… !
La généralisation du Pass culture devrait d’autant plus relancer le secteur culturel. Il a également le mérite de faire profiter de la réouverture des jeunes, qui est un public qui a généralement moins l’initiative de se déplacer qu’un autre. Ainsi, tous les jeunes Français dans leur dix-huitième année pourront bénéficier de 300 euros d’achats culturels sur 2 ans. Il est disponible depuis la semaine dernière à 825 000 lycéens, étudiants, jeunes actifs ou chômeurs. Entre 6000 et 8000 sites y sont référencés (le nombre augmente de jour en jour), et l’on peut y acheter des livres, des places de cinéma ou de spectacles, des abonnements à des journaux ou à des plateformes de vidéo à la demande. Il y a également des exclusivités, dont la priorité aux jeunes de 18 ans me rend quelque peu jaloux (!) : visite des coulisses d’un opéra, rencontre d’auteurs de BD, réservation de studios d’enregistrement, etc.
En Bretagne, où le pass était déjà en expérimentation l’année dernière, des libraires ont déjà vu débarquer dans leurs magasins une clientèle plus jeune, et arrivent à fidéliser leurs clientèles une fois les crédits expirés. Plus d’un tiers des utilisateurs bretons disent ainsi avoir découvert de nouveaux lieux autour de chez eux. Le pass devrait rester en place dans les prochaines années : je l’espère, puisqu’il remplit le double objectif d’aider le secteur culturel et de le démocratiser.
En attendant, profitons tous de la réouverture des lieux culturels français et continuons d’en faire un succès : nous pouvons, tout comme le Gouvernent, agir pour la Culture en allant voir le dernier film de Dupontel, en retournant à l’Odéon ou en achetant des places de festival pour cet été.