L’autorité française de la concurrence a annoncé lundi matin une amende de 220 millions d’euros à l’encontre de Google dans le cadre d’une procédure de transaction - c’est-à-dire que Google ne conteste pas les griefs et renonce à faire appel de la décision en justice, une première dans l’histoire.
Le géant californien du net est en effet accusé d’avoir favorisé ses propres services dans le secteur de la publicité en ligne. Pour Isabelle de Silva, présidente de l’autorité de la concurrence, « c’est la première décision au monde se penchant sur les processus algorithmiques complexes d’enchères pour lesquelles fonctionne la publicité en ligne display ». C’est celle qui vient s’afficher sur l’écran des internautes. L’entreprise est maître des outils d’intermédiation entre les éditeurs de sites web (qui veulent vendre leurs espaces publicitaires) et les annonceurs (qui veulent placer leurs encadrés). L’enquête française montre que Google a donc longtemps profité de cette position dominante pour évincer ses concurrents et maximiser ses profits… tout cela dans l’illégalité la plus totale !
Google s’est engagé à modifier les pratiques incriminées. Alors qu’il n’est légalement contraint à ne le faire qu’en France, cette décision risque d’avoir des répercussions mondiales. Le groupe a d’ores et déjà annoncé que les changements à venir ne se limiteront pas à l’Hexagone, comme s’il répondait par avance à d’autres pays qui souhaiteraient se pencher sur le sujet… Les enquêtes et projets de plaintes se multiplient véritablement partout dans le monde. Rien qu’aux États-Unis, trois procédures judiciaires sont en cours. La France avait déjà infligé une amende de 150 millions d’euros au géant du numérique en 2019, et la Commission européenne, sous l’égide de Margrethe Vestager, commissaire danoise réputée pour son zèle envers les GAFAM, avait demandé 1,5 milliards pour abus de position dominante. Espérons que cette petite amende (sur un chiffre d’affaires de 19 milliards rien que dans la branche d’intermédiaires techniques dans la publicité) soit l’amorce de législations plus contraignantes envers les entreprises digitales en situation de quasi-monopole.