C’était le sujet de ce week-end avec le congrès du Modem à Arras où François Bayrou prône une large alliance de la gauche socialiste, des Verts et des centristes auxquels pourraient s’ajouter quelques gaullistes en rupture de ban. Plus important, il y a rendu public les grandes orientations de son programme politique : pour une partie, trop général pour marquer les différences gauche-droite (développement durable, contrôle des finances publiques, limite à l’endettement, …) et, sur certains points, plus proche de nos idées: sur les questions de société, sur l’immigration, sur l’Europe. Un débat à mener avec le Modem pour clarifier les positions des uns et des autres.
Le Congrès a malheureusement été phagocyté par une de ces opérations médiatiques dont Ségolène Royal a le secret. En proposant 5 sièges au Modem sur la liste PS, elle effectivement enfermé Bayrou dans un beau piège. Pour lui, refuser, c’est rejeter la main tendue ; accepter, c’est montrer sa dépendance du PS.
En fait le coup est seulement médiatique puisque le Modem a, dès le mois d’Août décidé qu’il présenterait ses propres listes aux régionales et le Modem de Poitou-Charentes l’avait rappelé la semaine dernière. D’ailleurs en s’adressant directement à François Bayrou, Ségolène Royal porte le débat au niveau national, ce que dément sa démarche soi-disant régionale.
On peut du reste s’interroger sur cette démarche, en rupture avec la position du PS du 20 octobre qui réaffirme la priorité de l’alliance de la gauche. Sur le plan de la démocratie interne, elle intervient 2 jours seulement après que les militants du PS aient ratifié la liste pour les régionales. 5 camarades devraient donc laisser leurs sièges éligibles. Or 5 pour 20 places que le PS peut espérer, ce serait surpayer largement le ralliement du Modem. On en déduit alors que soit Ségolène Royal est prête à tout pour avoir le Modem car cela lui permettrait peut-être de passer au premier tour soit qu’elle anticipait bien le rejet de son offre. Mais pourquoi alors même qu’elle souligne d’une part la très grande proximité de ses orientations avec les centristes et son désir d’union ?
Je me suis seulement appesanti sur cette affaire pour montrer une orientation et une pratique politique.
Mais revenons au cœur du débat. Pour l’élection présidentielle à venir et les législatives qui suivront, le PS doit-il privilégier la recherche d’une alliance de gauche classique (PRG, PC, une partie des Verts) avec l’espoir de s’élargir ensuite vers une partie du centre et du Modem ? La limite de cette stratégie mitterrandienne, c’est que le PC ne ramène plus de voix même en union amoureuse avec ce grand illusionniste qu’est Monsieur Mélenchon. Un PS a 25% au 1er tour (c’est bien payé), doit trouver 25% de voix pour le second tour dont le PC peut, dans le meilleur des cas, lui apporter 5%. Rajoutons, toujours dans le meilleur des cas, 15% de Verts, il reste 5% à trouver. Doublement difficile car d’une part le PC et les Verts suivent une politique d’autonomie vis-à-vis du PS (voir les régionales) et les reports risquent d’être imparfaits et d’autre part, Bayrou ne rentrera pas dans une alliance où il y a le PC.
Laissons donc la stratégie d’union de la gauche et voyons ce que donne une alliance Verts et centre : 15% et 5% (n’oublions pas que les voix Bayrou se reportent à 30% sur la gauche). Là aussi nous sommes de 5% de chute. Je privilégie quand même la première stratégie non seulement parce qu’elle est plus conforme à notre engagement mais aussi car elle est plus sûre et que si nous sommes capables de créer une dynamique de 2ème tour, elle devient possible.
Mais il y a encore beaucoup à faire pour que ce soit le cas.