Je vais vous surprendre, mais l’hypothèse DSK étant out, j’aurais volontiers voté Montebourg parce qu’il est jeune, talentueux et courageux. Et je me dis que la fonction d’une primaire, s’il n’y a pas de candidat qui s’impose, c’est précisément de faire sortir du chapeau un candidat nouveau, neuf, peu connu mais ayant les qualités évoquées ci dessus comme ce fut le cas pour Obama.
Encore faut-il que l’on puisse suivre l’essentiel des idées défendues par le candidat. Le précédent livre de Montebourg m’avait plu car il y reprenait les formes de l’économie sociale (SCOP, coopératives, ...) comme alternatives à la propriété privée des moyens de production.
Malheureusement, son dernier livre (« Votez pour la démondialisation ! » Flammarion, 2€) est très faible. Les cinq premiers chapitres sont ceux du bilan et de l’analyse : l’évolution du capitalisme depuis trente ans vers un capitalisme financier (déjà décrit par Marx comme forme ultime du système) qui tend à accroitre en permanence la rémunération du capital au détriment des salaires, engendrant la chute de la demande, une fiscalité favorable aux nantis et aux entreprises, de « faux » déficits budgétaires, la suppression et/ou la privatisation des services publics.
Sauf les aveugles du libéralisme, nous partageons tous, je pense, cette vue de la société contemporaine. Ce qui pose problème chez Montebourg, ce sont les solutions. Il en propose 17 qui sont soit des lieux communs, soit des vœux pieux et de l’eau tiède. Quelques exemples : « mettre la convergence fiscale et sociale à l’agenda immédiat de l’union » (proposition 14), « doter l’UE d’un véritable budget communautaire » (proposition 15), « création de quatre taxes » (taxe carbone extérieure, intérieure, taxe sur le transport maritime, taxe financière), « politiser le droit européen de la concurrence pour constituer des champions » (proposition 13), ...
Je ne suis pas hostile à ce que l’union se dote d’une certaine protection économique et écologique à ses frontières extérieures. Nous avons tous qu’il faut développer le budget et les ressources de l’Union, qu’il faut une politique de convergence fiscale et sociale. La vraie difficulté est de trouver des alliés, parmi les 27, pour ce faire : de cela Montebourg ne dit mot. C’est une grande faiblesse et une grande déception.