Alors qu’Arno Klarsfeld appelle à construire un nouveau mur de la honte entre la Grèce et la Turquie, le candidat sortant tente de relancer la polémique sur le dossier de la liberté de circulation en Europe.
Plutôt « Europe forteresse » qu’« Europe passoire ».
« Schengen » est une réalisation concrète et utile à tous, qui symbolise le projet européen de paix et de rapprochement entre les peuples après les horreurs de la seconde guerre mondiale. « Schengen » permet deMembre de la commission voyager, de travailler, de rendre visite à des proches au sein de l’Union européenne sans avoir à se préoccuper des frontières, des douaniers ni même d’avoir un passeport.
Un peu d’histoire. L’histoire de l’espace et de la coopération Schengen commence dès 1985 lorsque cinq États, dont la France, décident de créer un territoire sans frontières où les personnes circuleront librement. Au fil des années, l’espace Schengen s’est élargi à 26 États.
Au printemps dernier, le candidat sortant et son ami italien, S. Berlusconi, avaient d’ores et déjà réclamé à grands cris à la Commission européenne de prévoir un dispositif leur permettant de renforcer des contrôles aux frontières extérieures en cas d’afflux massif de personnes vers l’Europe.
Que n’a-t-on pas dit à droite sur la volonté de François Hollande de renégocier le Traité sur la Stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG) alors que celui-ci est à peine signé et non encore ratifié par les états membres. Dès lors, comment ne pas s’interroger sur le désir de Nicolas Sarkozy de revenir sur un acquis aussi ancré dans le droit et dans les mœurs ?!
Membre de la commission des affaires européennes du Sénat, j’avais dénoncé cette instrumentalisation du printemps arabe. En effet, l'idée de renforcer les clauses permettant le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures de l'espace Schengen avait déjà été évoquée dans le cadre des débats sur l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie mais elle a brusquement ressurgi en réaction au « printemps arabe » et aux mouvements migratoires qu'il a engendrés, dont l'arrivée de 25 000 migrants sur l'île italienne de Lampedusa. Ni l’Italie, ni la France ne voulaient accueillir ces migrants alors qu’au même moment la Turquie recevait des milliers de réfugiés.
J’avais également souligné qu’il existe déjà des dispositions permettant de rétablir des contrôles aux frontières intérieurs de l’espace Schengen en cas de menace à la sécurité intérieure (lors de grandes manifestations sportives par exemple) ou à la santé publique (lors de crise sanitaire par exemple).
J’avais dénoncé le caractère inutile de cet ajout et j’avais plaidé en faveur du renforcement de la gouvernance de Schengen dans le sens de sa communautarisation.
Cependant, la Commission européenne a proposé de modifier la législation européenne dans le sens d’une augmentation du nombre de motifs justifiant les contrôles aux frontières. La réforme que réclame Sarkozy est donc déjà engagée depuis plusieurs mois.
Mais ne nous y trompons pas, il ne s’agit là que de gesticulations électoralistes, de propositions formulées en urgence pour mobiliser les électeurs de l’extrême droite, de promesses faites à Paris qui ne sont pas tenues à Bruxelles comme en témoigne l’absence du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, le 8 mars lors du débat sur la gouvernance de Schengen.