Vraiment cette histoire de tweet de la compagne de François Hollande devrait être un non événement absolu. Mme Trierveiler n’a pas de responsabilité politique de quelque nature et sa vie privée ne nous concerne pas. Mais son soutien au dissident PS et contre Ségolène Royal gêne François Hollande et donne la mauvaise image d’un homme partagé.
Beaucoup plus importante est la stratégie de deuxième tour mise en place par l’UMP : le « ni-ni », à savoir aucun soutien, ni au FN, ni au PS. C’est en fait une grande lâcheté qui lui permet de jeter ce qui a fait pendant des années le ciment de la démocratie française, le respect de valeurs républicaines partagées, quelques soient les orientations politiques : liberté d’expression, libertés individuelles, système parlementaire, dialogue social, ouverture aux autres, laïcité. Le « ni-ni » met sur le même plan les valeurs défendues par le FN et celles du PS, ce qui est inacceptable.
Malheureusement, je crains qu’il ne s’agisse pas seulement d’un choix tactique de second tour pour sauver quelques sièges mais de la prolongation de la FNisation des esprits dont Sarkozy a pris la responsabilité en choisissant ses thèmes de campagne dans ceux de l’extrême-droite. Le résultat en est une grande porosité, non pas tant idéologique mais politique (c’est ce que demandent les électeurs de l’UMP) entre les deux électorats. Que Nadine Morano s’en fasse le chantre, avec quelques collègues UMP des Alpes Maritimes déjà à l’extrême-droite, cela n’étonne guère. Mais les acrobaties de NKM (qui a écrit un livre entier condamnant cette démarche), le silence des grandes consciences UMP comme Juppé, Raffarin, sont bien inquiétants pour l’avenir.
Rappelons aux penseurs de l’UMP que l’objectif du FN et de Marine Le Pen n’est pas d’avoir 4 ou 5 députés dimanche prochain mais bien de vider l’UMP de sa substance et de se substituer à lui.
Un mot sur la déclaration récente à la Télévision Suisse Romande de Michel Sapin. Il s’est déclaré prêt à étudier la possibilité d’une « taxe sur la nationalité », dans la suite des dernières déclarations de Nicolas Sarkozy.
On ne peut que regretter de tels propos flous et peu réalistes qui sèment le doute et l’inquiétude chez nos 1,2 million d’électeurs à l’étranger, et ce à 4 jours d’un scrutin important.
On ne peut que regretter que le ministre n’ait pas souhaité préciser ou corriger son propos, marquant une fois de plus que les Français de l’étranger sont une quantité bien négligeable dans la vie politique française.