Je prends une minute sur le temps de la campagne pour me projeter dimanche soir. Je préfère le faire un peu en avance pour plus de sincérité.
Macron, qui je l’espère sera en tête, devra prendre acte des soutiens qui lui viendront.
Contrairement à l’erreur historique de Jacques Chirac en 2002, il devra lui donner un sens : celui d’une nouvelle majorité présidentielle et parlementaire incluant, rassemblant toutes celles et tous ceux qui partageront un socle de valeurs et d’objectifs communs. Son programme, ses propositions forment une base de départ acceptable, me semble-t-il, pour tous. C’est une ambition aussi grande que celle de la présidentielle.
Si le candidat Fillon est écarté du second tour, ce sera un choc pour la droite qui se divisera entre deux ou trois de ses familles constitutives : la droite dure, le centre, la droite provinciale. Sarkozy, Juppé chercheront à prendre leur revanche de la primaire à la fois sur le plan idéologique et par le contrôle de l’appareil (ou de ses morceaux). Cela ne mettra pas la droite en ordre de Marche pour les législatives et de nombreuses triangulaires (ou plus) sont à prévoir.
Mélenchon, toujours déguisé en grand-mère bienveillante, fera fructifier son capital. Il devrait achever le PC, déjà à bout de souffle, en lui prenant les quelques circonscriptions que celui-ci pouvait espérer garder (moins de 10). Il lancera son grand projet de constituer un pôle de gauche et d’extrême-gauche qui lamine le PS sur le modèle de Syriza, Podemos, le Labour de Corbyn, ... Il mènera grand tapage contre l’Allemagne, l’Union européenne, pour des relations étroites avec la Russie.
Reste ma vieille maison, le PS. Ce qui s’est passé m’attriste même si nous l’avions pressenti, pour ne pas dire prévu dès octobre. Hamon s’est battu avec courage et dignité. On peut lui reprocher des erreurs de stratégie, comme cette recherche incompréhensible d’un accord sur une quarantaine de circonscriptions avec les restes des Verts, toujours prêts à trahir comme l’ont montré les 5 dernières années (voir le député sortant de la deuxième circonscription Amérique Latine).
Apporter son soutien à Mélenchon pour le deuxième tour, un mois avant le premier tour, est une démarche curieuse sinon suicidaire.
La proposition d’un revenu minimal était conforme aux idées de solidarité de la gauche. L’idée d’un parlement de la zone euro permettant de contrôler la mise en œuvre d’une politique économique et budgétaire commune, je l’aurai défendue.
Ce que je ne pouvais accepter, ce sont les 5 années de guérilla permanente contre le gouvernement sur la plupart des sujets. Cette volonté de montrer à tout prix que l’on est plus à gauche que les autres.
Il y a eu un temps l’espoir d’un accord Macron-Hamon mais l’engagement fort quoique un peu honteux, de Hamon pour l’extrême-gauche en a fermé la porte.
Le résultat sera une série de règlements de compte au lendemain des élections présidentielle et législative. Il y aura des ordalies pour désigner les coupables, les traitres, les planqués, les sociaux-démocrates honteux, les européistes à tout crin, les amis de la finance, ...
Chacun sera le coupable des autres (Voltaire ou Rousseau) et cela se terminera par un Congrès d’où émergera un parti croupion dont la vocation sera – vox clamans sinistra – de dénoncer la majorité de gouvernement. Les exclus – il y en aura – rejoindront, je l’espère, une grande formation progressiste, européenne. Les autres fonderont de nouveaux partis. Tel est le mouvement de l’Histoire : les partis naissent et meurent !