Le Président Sarkozy s’est toujours engagé pour les entreprises françaises à l’étranger. Il se voit comme « le voyageur de commerce » de la République, plus sans doute que ses prédécesseurs. Il a certainement raison car dans la compétition exacerbée pour les grands contrats, chaque chef d’État ou de gouvernement se doit d’apporter le soutien, le poids du diplomatique et du politique à son industrie.
Les entreprises du CAC 40 ont une tradition de succès à l’étranger dans les domaines de la défense, des avions, des trains, de l’électricité, de la gestion urbaine, ... C’est grâce à ces grandes entreprises que notre balance commerciale a pu être équilibrée dans le passé. Et pourtant depuis quelques années, quelque chose ne va plus. Notre balance commerciale creuse son déficit chaque année (nous serons probablement à moins 50 milliards d’euros en 2010). On invoque bien sûr la crise et le niveau élevé de l’euro, arguments peu convaincants puisque d’autres pays européens dégagent des excédents importants de leur balance (on critique même l’Allemagne à cet égard).
Plus grave encore, me semble t il, est la série d’échecs récents pour plusieurs marchés importants : les Rafale pour le Brésil, les centrales nucléaires pour les Émirats Arabes Unis, les TGV pour la Chine, le contrat saoudien de 60 milliards d’euros pour la modernisation de la défense, le contrat des avions ravitailleurs de l’armée de l’air américaine, le navire de commandement pour la Russie, ... Certes, tous ces échecs ne sont pas définitifs puisqu’il y a toujours une dimension politique et la concurrence nous confronte avec de rudes compétiteurs comme les coréens ou les chinois. Certes, il y a encore de beaux succès dont nous nous réjouissons : les ventes d’Airbus, l’industrie automobile, la chimie, ...
Sans vouloir incriminer Nicolas Sarkozy (nous avons assez d’occasions de stigmatiser son agitation brouillonne et déclamatoire), il parait clair que notre dispositif d’appui et de négociation des grands contrats doit être revu : faire cesser les querelles entre entreprises françaises (qui surprennent toujours nos clients), se débarrasser des intermédiaires douteux et corrompus, désigner un chef de fil indiscuté et reconnu, mobiliser toute la machine diplomatique (peu rompue aux affaires), financière et politique. La France doit absolument se ressaisir si elle veut conserver sa capacité à « décrocher » de grands contrats. Mme Idrac a lancé « l’équipe de France de l’export » : que l’équipe gagne !