J’ai de la peine pour les Tunisiens. C’est un pays que nous avons pratiqué depuis les années 1969 où je m’occupais du centre de vacances et de sport de l’UNEF à Borj Cedria (sur la baie de Tunis). Nous y allions chaque année et y avions de nombreux amis.
Et puis avec la mise en place du régime Ben Ali et le développement de la main mise policière, nous avons cessé progressivement d’y aller, ne nous sentant pas à l’aise. Nos amis tunisiens nous disent, à juste titre, que c’est une attitude de confort moral qui n’est aucunement utile.
Tout ceci pour dire la crise actuelle est le drame de cette jeunesse souvent formée, ayant fait des études supérieures, mais qui ne trouve pas d’emplois ou très sous qualifiés. Quel gâchis ! Voilà un pays qui a réussi sa croissance économique entre tourisme, agriculture et petite industrie, qui défend les droits de la femme, a développé l’éducation et combat – de manière parfois expéditive – l’islamisme, qui s’est doté une classe moyenne prête à investir.
Et pourtant le général-président, aveuglé par la mise en coupe réglée du pays par sa famille ne connait que le régime policier, les atteintes permanentes aux libertés de la presse et politiques, la répression tout azimut. Muré dans son palais de Carthage comme Ceausescu, il ne comprend plus la situation, promet 300000 emplois dont on ne sait d’où ils viendraient et accuse les fauteurs de troubles. Résultat, probablement 50 morts, peut être plus. Jean Pierre Sueur, président du groupe d’amitié France-Tunisie au Sénat, a dénoncé ce matin « un silence incompréhensible de la France », ou pire encore les déclarations de soutien du gouvernement français (voir celle de Bruno Lemaire en titre).
Nous devons dire la vérité au peuple aux dirigeants tunisiens, à savoir que la démocratie foulée aux pieds n’est pas acceptable et que la répression aveugle doit cesser. C’est bien sûr aux Tunisiens de décider de l’évolution qu’ils veulent. Il me semble qu’une partie importante de la jeunesse vient de donner ses préférences.