Il me semble que l’idée d’un gouvernement d’union nationale en Tunisie a fait long feu puisque l’UGTT et le Forum démocratique de Mustapha Ben Jaffar en sont sortis.
Le gouvernement de transition ne représente donc plus toutes les forces de progrès qui ont renversé Ben Ali. Il existe maintenant des divergences entre celles qui sont restées au gouvernement et celles qui préfèrent agir de l’extérieur. Certaines sont en faveur d’un régime présidentiel malgré les excès des régimes précédents tandis que d’autres veulent un retour au parlementarisme, symbole de la démocratie.
Les partis fleurissent comme des primevères au printemps, et c’est naturel : les anciens, dans la clandestinité depuis des lustres, et de nouveaux de tout genre, y compris islamistes de différents genres. Le principal sujet est pour l’immédiat quel rôle confier à ce qui sera un Conseil de surveillance du gouvernement. La Constituante devrait venir après.
Plus compliquée est la situation en Égypte. Quelle est la nature de ce conseil suprême des forces armées qui assume le pouvoir ? Qui y siège ? Et surtout que veulent ils faire ?
Je pense que les millions de citoyens qui ont occupé la place Tahrir et renversé Moubarak, ne l’ont pas fait pour qu’un obscur comité de généraux conserve le pouvoir, même si aujourd’hui la rue (au sens noble) semble s’en accommoder. Il est à craindre que la situation ne dure pas. Nous avons besoin de savoir rapidement ce que le vieux maréchal Tantaoui veut faire !
De tout cela, on notera une diplomatie américaine qui a été présente et qui a accompagné intelligemment le mouvement. On ne peut en dire autant de la diplomatie française qui sombre littéralement, ayant tout misé sur Moubarak pour lancer son UPM, désormais morte en sursis. Le seul partenaire fort du Proche-Orient est la Turquie et Sarkozy l’a suffisamment humilié pour qu’elle en tire la leçon.
Et si on me demande : « qui après ? », je prends le risque de répondre : Mahmoud Abbas, tant ce régime est corrompu.