Faut-il intervenir militairement en Libye ? Plusieurs facteurs y poussent. Voilà un peuple qui se bat pour des valeurs que nous reconnaissons : liberté, démocratie, lutte contre la corruption, ... Ils sont menacés, plus même, massacrés par un dictateur schizophrène qui dispose encore de troupes mercenaires bien armées. Plusieurs milliers de morts déjà et quid de demain ? A-t-on déjà vu un dirigeant faire bombarder par son aviation des bourgades avec femmes et enfants ? Et nous regarderions cela sans réagir, en parlant gravement de la situation et peut être même en adoptant courageusement des motions de soutien ?
Mais en même temps, un peu de réflexion montre que la question n’est pas si simple. Il s’agit d’abord d’eux. Il serait nécessaire qu’il y ait une demande claire d’une autorité au moins représentative. Il ne faut pas donner l’impression d’une opération post coloniale. Pour cela, il faudrait un mandat soit du conseil de sécurité soit de l’Union africaine ou de la Ligue arabe. Or la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité, bloquent toute résolution (peur de l’exemple contagieux ?) ; l’Union africaine paralysée ne prend jamais aucune décision et la Ligue arabe ne fera rien.
Il me semble que nous pourrions procéder d’abord en créant dans un ou plusieurs lieux de l’Est du pays une zone protégée, sécurisée, destinée aux secours et aux soins humanitaires de manière à répondre aux demandes qui ont été formulées par les révolutionnaires. Nous pourrions envisager de détruire les pistes d’aviation militaire libyenne (Syrte et Sebha) pour que celle-ci ne puisse être utilisée contre le peuple. Mais nous n’avons pas de mandat pour des opérations militaires et les américains répugnent à dégarnir le front Afghan de porte-avions et d’avions.
Nous allons donc regarder le peuple héroïque de Libye se faire tuer par son chef fou, en exprimant nos regrets. Voilà, ce que c’est de n’avoir ni politique étrangère nationale ni Europe.