Quelle tristesse : la Syrie qui est la mère des civilisations, qui a porté Sumer, les Hittites, l’empire babylonien, perse, grec, byzantin et omeyyade, qui a donné l’écriture, l’architecture, l’organisation politique et religieuse de la société, la voilà terrorisée, assassinée par la main de fer de Bachar al-Assad, héritier alaouite de son père.
On avait cru un moment que ce jeune chef d’État, devenu président malgré lui et formé à l’école occidentale, allait ouvrir son pays, procéder aux réformes nécessaires. La vieille garde du parti Baas, qui n’est plus que l’ombre de lui-même (oh mânes de Michel Aflak !) n’a pas voulu se dessaisir de la moindre parcelle de la dictature qu’elle fait régner depuis 50 ans.
Quelle honte : l’occident et le monde entier regardent ce peuple se faire tuer chaque jour davantage sans réagir : où sont les manifestations de soutien, où sont les prises de position et les actions diplomatiques de l’Europe, à quand la saisine du conseil de sécurité ? Visiblement, ce qui est vrai pour Kadhafi ne l’est pas pour Bachar al-Assad.
Ce n’est pas le pétrole, pourtant. Mais les grandes puissances et Israël ont peur de voir les alaouites, centre géométrique religieux et politique de ce pays, perdre leur hégémonie au profit des sunnites et que le pays, déstabilisé, ne soit la proie d’une crise entre les druzes, chrétiens, chiites. Téhéran n’est pas si loin et Damas vaut bien une messe ! Comme en Tunisie où nos beaux discours tombent à plat et à qui l’Europe ne parle que d’immigration, en Syrie, nous soutenons la dictature plutôt que la démocratie source de désordre.