Tel est le titre terrible de Libé du 27 avril que je me permets de reprendre : il dit bien que le fils ne saurait gouverner différemment de son père qui lui-même avait fait des milliers de morts dans sa répression de toute velléité démocratique.
Je regrette que rien ne bouge sur ce front. Les États-Unis mettent au point la législation nécessaire pour « geler » les avoirs de la famille al-Assad : c’est dérisoire quand on pense aux citoyens de Deraa qui affrontent les chars, l’armée professionnelle et l’artillerie lourde du tyran à mains nues. Nous parlons de centaines de victimes froidement assassinées au nom des valeurs qui sont les leurs mais aussi les nôtres. Ce dont ils ont besoin, à défaut d’une intervention militaire et aérienne, c’est une action diplomatique musclée : saisine du conseil de sécurité, rupture des relations diplomatiques et de l’aide, interdiction de relations commerciales, monétaires et financières internationales, …
À cet égard, la France s’honorerait de prendre l’initiative devant et à la place de cette Europe molle et lâche que symbolise Mme Ashton. Ce serait plus efficace que de faire un communiqué commun Sarkozy-Berlusconi « invitant la Syrie à faire preuve de modération... », ou même que de convoquer l’ambassadeur à Paris pour lui faire un petit sermon. Il y a clairement consensus de tous (Russie, Chine, Iran, Turquie, États-Unis, France, Grande Bretagne, Israël, …) pour détourner les yeux du sang qui coule, mais celui-ci finira par retomber sur nous.
Et l’opinion publique ne bouge guère, anesthésiée par le Journal télévisé qui déverse son flot de meurtres, d’accidents, de vols, … Je me réjouis de voir que le groupe socialiste au Sénat a pris position, lui, et j’espère que le Parti socialiste ira plus loin dans l’action.
Une note un peu plus lumineuse : je vous recommande de lire « Le Dit de Tianyi » de François Chen, magnifique chronique familiale de la Chine des années 1930, dans le monde rural et à Nankin. C’est surtout une langue somptueuse, dans la grande tradition du XVIIème, tant dans ses explorations de l’âme humaine que dans la description des paysages et des personnages. François Chen, même s’il est membre de l’Académie française, est un de nos plus grands auteurs contemporains.