On se rappelle ce cha cha cha extraordinaire qui date de l’indépendance du Congo, écrit par le Grand Kallé qui deviendra ministre de Lumumba. C’est la visite de François Hollande à Kinshasa qui m’y fait penser.
Quel gâchis ! Le pays le plus vaste et le plus riche de l’Afrique est dans un état de délabrement, de pauvreté et de guerre civile et étrangère qui fait peur. Plusieurs millions de morts (civils pour la quasi-totalité) dans l’est (Kivu, Katanga) et dans le nord est sur fond d’appropriation des richesses minières et autres. Des provinces entières aux mains de milices privées mafieuses. Puis de temps en temps, une incursion militaire d’un des voisins : Burundi, Rwanda, Angola. Il n’y a guère d’administration, de routes, de trains, d’hôpitaux, d’écoles (sauf catholiques), d’industries. Et la corruption fleurit là-dessus, de manière compréhensible sinon excusable. Et les relations avec le pays voisin, le Congo Brazza : séparés par un kilomètre de fleuve, les deux villes sœurs de Kinshasa et de Brazza se regardent, s’épient, s’aiment et s’envient. Mais il faut au moins deux heures pour les formalités de douanes, de police : le passage de Berlin Ouest à Berlin Est du temps de la RDA était plus rapide ! Sans parler des violations permanentes des droits de l’homme, de la liberté de s’exprimer, des règles de la démocratie, ... Et pourtant des peuples forts, dignes, d’une grande culture : les Lingalas, Kishulas, Kikongos et tant d’autres. Lisez « Une enfant de poto-poto » d’Henri Lopes, « L’explosion de la durite » et les autres livres de Jean Rolin ou cette belle histoire du Congo de David Van Reybrouck : « Congo, une histoire ».
Mais François Hollande venait pour le sommet de la Francophonie : l’avenir de notre langue est en Afrique avec sa population en croissance rapide. Et c’est aussi le lieu de rencontre avec tous les responsables de la région qu’ils aient ou non des liens privilégiés avec la France et de montrer que la démocratie va avec la culture française. A-t-il défini de nouvelles relations ? À sa manière, tranquille et sobre, je le crois. La diplomatie se fait au quai d’Orsay, comme normal. Il n’y a plus de missi dominici plus ou moins secrets, porteurs ou non de valises. Les chefs d’État et de gouvernement sont reçus – c’est naturel – à l’Élysée, mais ne sont pas traités comme des amis de la famille. Les « biens mal acquis » seront poursuivis. Il n’y a plus, je l’espère, de financements politiques. Voilà pour la forme. Sur le fond, il y a des relations anciennes et historiques entre la France et ces pays africains : cultivons-les, soyons en fiers. Les besoins d’investissements sont énormes : la France doit y participer comme d’autres pays. Soyons aussi de ceux qui accompagnent le développement économique par une aide et une assistance diversifiée et appropriée, en particulier en matière commerciale. La Françafrique a coûté leur poste à deux ministres : Jean-Pierre Cot et Jean-Marie Bockel qui avaient cru que le moment d’y mettre fin était arrivé. Il semble que, 60 ans après les indépendances, on arrive enfin à tourner la page : c’est long l’histoire !
PS: Lubum est Lubumbashi (2ème ville du Congo Kinshasa)