La visite de François Hollande au Mali ce jour lui permettra de prendre la mesure de la popularité de la France. Réjouissons-nous de ces moments heureux car nous savons tous que presque tout reste à faire.
Certes c’était un préalable de libérer les grandes villes du Nord et de l’Est malien de l’occupation des terroristes qui imposaient leur vision récessive de l’Islam et leur charia. Il fallait également couper la route de Bamako où nous avons une grande communauté franco-malienne.
La partie militaire va maintenant se transporter dans les montagnes de l’Adrar des Ifoghas, quasiment inaccessibles et dans une guérilla menée dans le désert et pour laquelle l’armée française n’est pas adaptée. Sauf si elle change beaucoup et vite, l’armée malienne n’est pas en capacité de remplacer l’armée française et encore moins de mener la guerre saharienne. C’est également le cas pour la majorité des contingents africains à l’exception notable des éléments nigériens et tchadiens.
La partie politique doit comporter la mise en place d’un régime légitime (élu) à Bamako qui reprenne les pouvoirs économiques, sociaux et militaires. Il doit entamer des négociations avec les représentants politiques des Touaregs (MNLA, branche dissidente d’Ansar Dine, chefs traditionnels et Grands amenokals). Il s’agit de trouver une solution constitutionnelle permettant l’association des Touaregs et des territoires du Nord dans le Mali « un et indivisible » ainsi qu’un plan de soutien à leur économie. Nul ne doute que l’Algérie suivra cela de tr1es prés. La question touareg n’est certes pas nouvelle (massacre de la mission Flatters en 1880, puis des rapports difficiles mais aussi d’estime pendant la période coloniale suivis, après1960, d’une marginalisation politique et sociale).
Mais la réflexion qui s’impose, c’est tout de même la permanence et la profondeur des liens entre la France et l’Afrique. Un siècle de colonisation, 50 ans d’indépendance, la volonté de mettre fin aux relations peu recommandables qu’on appelle la « Françafrique », tout cela n’empêche pas une forte implication de la France, à la demande des Africains eux-mêmes : Madagascar, RCA, Mali, Côte d’Ivoire, Tchad pour ne citer que les interventions les plus récentes. Dans certains cas, ces interventions visaient à protéger des intérêts économiques et politiques français. Dans d’autres, il s’agit d’une demande africaine souvent fondée. François Hollande a changé pour l’essentiel ces relations de la Françafrique mais à ceux qui ont cru que cela voulait dire que la France se détournait de l’Afrique, il faut dire que c’est le contraire et que nous ce que nous cherchons à définir ce sont de nouvelles relations.