J’ai appris avec une grande tristesse la disparition de Nelson Mandela. Je retiendrai de lui la constance de ses combats politiques : pour l’émancipation du peuple noir, pour la liberté, pour l’égalité, pour la démocratie.
Car c’est bien un grand homme politique, premier chef d’État élu démocratiquement en Afrique du Sud, qui nous a quitté. Il restera celui qui a su négocier avec ses geôliers, pratiquer le dialogue avec la minorité blanche pour lui imposer la règle du « un homme, une voix ». Refusant de troquer sa libération contre son retrait politique comme cela lui a été proposé à plusieurs reprises, il est resté fidèle à ses engagements et à son peuple. Il a surtout su pardonner et obtenir le soutien essentiel de la communauté d’affaires blanches en lui garantissant le maintien de l’économie de marché et de sa situation avec l’accord de l’ANC, du PC sud-africain et des syndicats.
Certains lui ont reproché une trop grande clémence. J’y vois pour ma part la marque d’un esprit lucide qui a évité à son pays de sombrer dans la guerre civile et a permis une transition démocratique sereine. En cela, Nelson Mandela ne fut pas seulement une autorité morale incontestable pour le monde, il fut aussi un génie politique, artisan de la reconstruction de son pays et de la réconciliation de son peuple.