L’adoption à une écrasante majorité par l’Assemblée nationale constituante de la Loi fondamentale tunisienne conforte mon sentiment (déjà évoqué ici) que la Tunisie est sur le point de donner forme à l’espoir démocratique exprimé par le peuple tunisien il y a déjà plus de trois ans.
La période de transition qui a suivi la fin de la dictature aura été douloureuse, semant le doute (sur la capacité réelle du pays à se doter d’une constitution démocratique dont l’adoption a été sans cesse repoussée), et suscitant la crainte chez les observateurs occidentaux (suite au triomphe électoral d’Ennahdha) et la déception parmi le peuple tunisien (due à l’exercice autoritaire du pouvoir et à la mauvaise gestion économique et sociale du parti islamique).
L’adoption définitive de la nouvelle Constitution tunisienne, qui garantit les libertés publiques (dont la liberté religieuse), la primauté du droit civil sur la charia et même un objectif de parité dans les assemblées élues, est un soulagement pour tous et notamment pour le peuple tunisien qui souhaite retrouver l’apaisement nécessaire à la reconstruction du pays. C’est surtout un grand progrès démocratique qui, je l’espère, servira de modèle aux pays qui n’ont pas encore achevé leur révolution.
Ce n’est pourtant là qu’une étape car tout reste à faire. Le gouvernement apolitique formé autour de Mehdi Jomaâ devra redresser le pays économiquement et poursuivre sa transition démocratique en organisant des élections d’ici la fin de l’année. L’ombre d’Ennahdha planera sur ce scrutin. Il ne faudrait pas que le parti islamique, vainqueur des premières élections, ne sorte renforcé par une crise politique dont il est le premier responsable. J’espère qu’à l’heure du choix les tunisiens se souviendront de son bilan économique médiocre et de sa gestion désastreuse du pouvoir qui aura déchiré le pays et divisé la société.