La France est-elle encore attractive ? La question a fait l’actualité récente depuis la parution fin janvier d’une étude de la CNUCED indiquant une décrue de 77% des investissements étrangers en France entre 2012 et 2013.
Tandis que les « déclinologues » de tout poil y ont vu la énième preuve de la réalisation de leur prophétie, la droite a trouvé son coupable idéal : François Hollande dont la politique serait responsable de tous les maux de l’économie française.
Outre qu’il est navrant d’observer d’anciens responsables politiques se réjouir du mauvais sort de leur pays et en faire un fonds de commerce (en passant sous silence leurs 10 ans d’incurie), cette récupération est d’autant plus hasardeuse qu’elle repose sur une analyse hautement contestable.
En effet, il ne faut pas se méprendre sur ce que la CNUCED appelle « investissements étrangers ». Elle y intègre tous les flux financiers, en particulier les investissements de portefeuille qui ne sont pas à proprement parler des investissements directs à l’étranger (IDE). Que les fonds de pension américains spéculent moins avec les capitaux des entreprises en France, on ne peut que s’en féliciter. Qui retrouve-t-on d’ailleurs parmi les pays attirant le plus d’investissements étrangers selon la CNUCED ? Les Iles Vierges, grand pays industriel s’il en est… Il n’y a donc aucune raison objective de s’alarmer de ce soi-disant effondrement des investissements étrangers en France (ajoutons que la Suisse enregistre une baisse de 98% des investissements étrangers sans que personne ne vienne contester son attractivité).
Au contraire, l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) vient de publier son bilan 2013 des investissements étrangers créateurs d’emploi en France, ceux qui finalement nous intéressent le plus. La tendance est largement positive : près de 30.000 emplois ont été créés ou sauvegardés en France l’an dernier grâce à l’apport d’investisseurs étrangers (décision d’implantation, d’extension ou de rachat d’une entreprise). C’est 14,5% de plus qu’en 2012 avec même une hausse de 33% pour les emplois crées en R&D, ingénierie et design. Voilà des chiffres bien plus parlants qui doivent être rappelés.
À rebours de l’autodénigrement ambiant et de l’étiquette de repoussoir fiscal qu’on veut coller à la France, il y a donc des raisons d’avoir confiance dans l’attractivité de notre pays. Pensons à notre géographie exceptionnelle, à nos équipements, à nos infrastructures de transport, à notre énergie dont le coût est inférieur de 30% à la plupart de nos voisins européens, à notre système de santé et d’éducation ouvert à tous, etc.
Il reste cependant beaucoup à faire pour rendre notre pays plus attractif. Le président de la République en a conscience et a ainsi annoncé des pistes concrètes pour attirer les investisseurs étrangers à l’issue du Conseil stratégique de l’attractivité. L’ambition est triple : capter davantage d’investissements en provenance des pays émergents, faire en sorte qu’ils irriguent l’ensemble du territoire national, et les orienter en priorité vers les activités de recherche et d’innovation.
L’attractivité passe évidemment par la compétitivité (les chantiers sont connus : choc de simplification, pacte de responsabilité, stabilité fiscale, réforme du marché du travail par le dialogue social, programme d’investissements d’avenir…) mais ne s’y limite pas. J’ai accueilli avec une grande satisfaction les nouvelles mesures d’attractivité annoncées par le président de la République : fusion d’Ubifrance et de l’AFII pour créer une grande agence de promotion de la France auprès des investisseurs étrangers, création du « passeport talent » d’une durée de 4 ans pour les jeunes diplômés et entrepreneurs étrangers, délivrance de visas de longue durée (5ans) pour les acteurs économiques qui se rendent régulièrement en France à des fins commerciales, suppression de la déclaration préalable pour créer une entreprise en France, mise en place d’un bureau des investissements étrangers par l’administration fiscale, soutien de la BPI aux start-up étrangères, simplification du régime de TVA applicable aux entreprises importatrices, dématérialisation des déclarations douanières à l’export… Voilà des initiatives fortes que je salue. Plus que jamais, investir en France est une bonne idée !