« Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre ». À l’heure où la Russie provoque une fois de plus l’UE et l’OTAN en bafouant ouvertement la souveraineté du territoire ukrainien, non seulement par une intervention terrestre militaire qui ne fait plus aucun doute, mais aussi par son appel à un « statut étatique » pour les régions de l’est de l’Ukraine, nos dirigeants occidentaux devraient méditer cette formule de Churchill adressée au Premier ministre britannique Neville Chamberlain après la signature des accords de Munich.
Bien sûr, je n’appelle pas les puissances occidentales à entrer en guerre contre la Russie. Personne ne peut raisonnablement souhaiter une telle guerre dont les conséquences seraient assurément dramatiques. Il est pourtant urgent que l’UE et l’OTAN retrouvent une parole forte face à Vladimir Poutine et réagissent plus fermement à ses bravades politiques et militaires qui résonnent comme des défis lancés à la communauté internationale. Abattre un avion civil ne relève pas de la diplomatie mais du terrorisme d’État.
La surenchère du président russe se nourrit jusqu’à présent de la faiblesse des réactions occidentales : hier l’invasion illégale de la Crimée, aujourd’hui le soutien aux séparatistes de la région de Donetsk dont l’indépendance ne serait qu’une première étape vers le rattachement à la Russie, à quelle prétention territoriale russe faudra-t-il céder demain ? La Pologne et les États baltes ont déjà alerté l’UE de leurs inquiétudes face à la « Grande Russie » rêvée par Poutine qui pourrait menacer leur intégrité territoriale.
Plus que jamais, l’UE a besoin de montrer sa volonté de faire respecter le droit international et la souveraineté territoriale de ses alliés. Les premières séries de sanctions n’ont pas été efficaces. Il est vrai que les sanctions économiques n’auront sur la Russie qu’un impact à moyen-terme et qu’elles peuvent aussi pénaliser l’économie européenne. Mais, d’une part, notre crédibilité a un prix et exige quelques sacrifices ; d’autre part, le modèle économique russe reste plus fragile et moins résilient que le nôtre. Les sanctions économiques, y compris bancaires, doivent donc se poursuivre pour pousser la Russie dans ses retranchements. Les membres de l’UE doivent se mettre d’accord dans le courant de la semaine sur de nouvelles sanctions qui devraient concerner la défense, les technologies à usages civil et militaire et la finance. Espérons que l’UE saura se montrer à la hauteur de l’enjeu.
La réunion de l’OTAN jeudi et vendredi sera également l’occasion d’apporter une réponse politique et militaire à la menace russe. Un « plan de réactivité » prévoyant le déploiement rapide de soldats en Europe de l’est en cas d’invasion russe sur le territoire d’un pays membre de l’OTAN doit être adopté. C’est essentiel pour rappeler que le principe de la « défense collective » prévu à l’article 5 du Traité n’est pas qu’une déclaration de bonne intention mais un engagement réel à agir. De son côté, la France n’a d’autre choix que de suspendre sine die la livraison des deux porte-hélicoptères Mistral.