Quatre élections importantes se sont tenues ce dimanche 26 octobre 2014 en Tunisie, en Ukraine, au Brésil et en Uruguay.
En Tunisie, le parti séculier Nidaa Tounes est sorti vainqueur des premières élections législatives libres du pays depuis la révolution de 2011, devançant nettement le parti islamiste Ennahdha. C’est une grande victoire démocratique qui conforte mon sentiment, exprimé en début d’année lors de l’adoption de la Loi fondamentale tunisienne par l’Assemblée nationale constituante, que la Tunisie a réussi, malgré les crises politiques, à accomplir sa transition démocratique. Après s’être dotée d’une Constitution qui garantit la séparation des pouvoirs, la primauté du droit civil, la liberté religieuse ou encore la parité, la Tunisie possède désormais sa première assemblée élue librement, sans incident majeur en dépit des menaces des djihadistes, qui aura devant elle de grands chantiers économiques et politiques, en particulier la lutte contre le chômage, l’insécurité et la corruption. Je me réjouis que les Tunisiens montrent ainsi l’exemple et démentent les prophéties de chaos et d’islamisme annoncées par certains lors du printemps arabe.
En Ukraine, la victoire écrasante des partis pro-occidentaux devrait donner naissance à une coalition gouvernementale réformatrice tournée vers l’Europe. C’est une excellente nouvelle pour la poursuite de la reconstruction économique du pays. Mais le processus de paix avec la Russie et les séparatistes pro-russes est encore loin d’aboutir. Le scrutin de dimanche n’a pu avoir lieu dans la Crimée annexée par la Russie et dans les régions séparatistes de l’Est tandis que les partis nationalistes ou prônant une plus grande intransigeance à l’égard de la Russie sortent renforcés de cette élection.
Au Brésil, Dilma Roussef a été réélue de justesse à la tête du pays face au candidat de centre-droit Aecio Neves. Malgré un récent ralentissement économique et des affaires de corruption qui ont éclaboussé son gouvernement, le bon bilan de la successeuse de Lula a joué en sa faveur : réduction de la pauvreté et du chômage, émergence d’une classe moyenne au fort pouvoir d’achat, dynamisme des échanges commerciaux du Brésil, etc. C’est la quatrième victoire de la gauche aux présidentielles depuis l’élection de Lula en 2002. Voilà un exemple dont la gauche française devrait s’inspirer !
En Uruguay enfin, le candidat de la coalition de gauche Tabaré Vazquez a réuni 46% des voix au premier tour des présidentielles pour succéder à « Pépé » Mujica et est en bonne voie pour retrouver au second tour le poste qu’il avait occupé entre 2005 et 2010. Ce serait la troisième victoire successive du « Front large » qui a placé ce petit pays à l’avant-garde du progrès en Amérique latine avec ses lois sur l’IVG, le mariage gay, le changement d’état civil des transgenres ou la légalisation du cannabis.
Je souligne que ces quatre élections ne sont pas des victoires de la gauche mais de la démocratie et prouvent que celle-ci peut s’affirmer dans les pays en développement où son histoire est récente.