L’Assemblée nationale a débattu ce vendredi 28 octobre 2014 une proposition de résolution portant sur la reconnaissance de l’État de Palestine. Rappelons qu’il s’agit là d’une initiative parlementaire non-contraignante pour le gouvernement qui reste le seul à pouvoir officiellement reconnaitre l’État de Palestine. Il n’en demeure pas moins que ce texte constitue un acte symbolique fort et marque une étape décisive qui vient couronner le long cheminement de la France vers la reconnaissance officielle de la Palestine aux côtés d’Israël, position exprimée avec courage par François Mitterrand lors de son discours devant la Knesset en 1982 et qui s’est déjà concrétisée par le vote favorable de la France à l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO en 2011 et à la résolution 67/19 du 29 novembre 2012 de l’Assemblée générale de l’ONU qui accorde à la Palestine le statut d’État observateur non-membre auprès de l’ONU.
J’ai la conviction que la reconnaissance de l’État de Palestine par la France est plus que jamais indispensable. Après l’échec de tous les processus de paix engagés depuis 1991 et la persistance du conflit à travers des tensions et des violences sans cesse renouvelées dont l’opération « Bordure protectrice » menée par Tsahal en juillet 2014 est le dernier épisode tragique, l’impasse actuelle dans laquelle se trouve le dialogue israélo-palestinien est une menace pour la solution à deux États, telle que constamment défendue par la communauté internationale, l’Union européenne et la France.
En effet, la possibilité d’un règlement définitif du conflit permettant la coexistence pacifique de deux États, sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale des deux États, se réduit à mesure que la politique ultra-nationaliste de Benyamin Netanyahou – poursuite de la colonisation en violation des traités internationaux et des résolutions de l’ONU, blocus de la bande de Gaza, réforme visant à définir Israël comme l’« État national du peuple juif » au détriment de son caractère démocratique – menace l’existence actuelle et future d’un État indépendant de Palestine. Tant aussi que le Congrès des États-Unis sera aussi fortement dominé par les thèses favorables à Netanyahou.
Dans ces circonstances, il convient de réaffirmer que la France reconnait au peuple palestinien son droit inaliénable à l’autodétermination, c’est-à-dire son droit à se doter d’un État indépendant et souverain, de la même manière que la France reconnait déjà ce droit au peuple israélien. Il n’est pas concevable que la France continue de ne reconnaitre qu’un seul des deux États alors même qu’elle défend l’existence de deux États. La reconnaissance de la Palestine par la France vise ainsi à mettre la France en cohérence avec son action internationale pour la résolution pacifique du conflit israélo-palestinien sur la base de deux États.
Je souhaite donc que le gouvernement français tienne compte rapidement de cette résolution et fasse de la France le 136ème État à reconnaitre l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël, après la Suède le 30 octobre dernier, et œuvre avec la communauté internationale pour la résolution pacifique du conflit. Je voterai en ce sens une résolution identique le 11 décembre prochain au Sénat.