« Le franc CFA ne sera pas dévalué », twittait le président camerounais Paul Biya à l’issue de la rencontre des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC). La parité fixe du Franc CFA avec l’euro reste inchangée, soit 1 € pour 655,957 Fcfa.
Si la question de la dévaluation du franc CFA était au cœur des discussions du sommet qui s’est tenu fin décembre à Yaoundé, la « coalition panafricaine pour l'abolition du Franc CFA », elle, a un tout autre avis sur la question. Un appel mondial a été lancé pour demander la fin du franc CFA, monnaie créée en 1945, arrimée à l’euro, et jugée colonialiste. À Abidjan, Bamako, Bruxelles, Dakar, Kinshasa, mais aussi Londres, Ouagadougou ou encore Paris, des rassemblements, des manifestations ou des conférences se sont tenus ce samedi 7 janvier, pour mettre fin au franc CFA, perçu selon les organisateurs de la journée, comme survivance des colonies françaises d’Afrique et constitutif d’une servitude monétaire. Malgré cela, les États membres de la CEMAC entendent plutôt faire « des efforts d’ajustement sur les plans intérieur et extérieur, assortis de réformes structurelles adéquates », afin de sortir la sous-région de la crise, indique le communiqué final paraphé par les six chefs d’État.
La situation des pays de la zone CEMAC requiert tout de même un ajustement. Un ajustement interne qui consiste à réduire les dépenses, notamment les engagements des États. Quelles sont dès lors les mesures privilégiées ? La préservation de la soutenabilité et la viabilité de la dette publique ou encore l’élargissement de l’assiette fiscale dans le but d’améliorer les recettes et la qualité des dépenses des États, mais surtout de la préservation d’un solde soutenable du déficit budgétaire. Pour ma part, je considère ce lien fort comme un gage de stabilité macroéconomique. Le franc CFA demeure un atout pour les pays qui l’ont en commun. Pour preuve, l’inflation n’aura été que de 2 à 3 % en moyenne sur la période 2000-2015 dans la zone franc, d’après l’économiste Gabonais Mays Mouissi contre près de 10 % dans le reste de l’Afrique subsaharienne. Le franc CFA, offre également un cadre monétaire favorable et sécurisant aux investissements internationaux. Aucun risque en effet de voir le franc CFA s’effondrer en raison (comme c’est le cas actuellement des monnaies de pays comme le Nigeria, le Kenya, la Tanzanie ou encore le Ghana) de l’impact de l’atonie de la croissance en Chine, ou encore de la chute du cours des matières premières. Enfin, les investisseurs internationaux peuvent investir en zone UEMOA ou CEMAC en toute sécurité, puisque la convertibilité du franc CFA avec l’euro est garantie par la France. Le franc d'Afrique de l'Ouest (UEMOA) ne suscite pas les mêmes polémiques, sans doute parce que d’une manière générale les économies de ses pays membres se portent mieux que celles de la CEMAC.