Nous le savons, les pays africains francophones ont une fascination formidable pour la politique française. Vos interlocuteurs sont souvent plus au courant que vous des derniers propos ministériels ou des derniers développements.
Dans le temps (j’ai connu la période Félix Houphouët-Boigny, Ahmadou Ahidjo, Modibo Keïta, ...), on pouvait penser que c’était parce que leur propre vie politique était muselée et que toute expression d’opposition, interdite. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et dans la plupart de ces pays, il existe une vie politique intellectuelle animée et forte. C’est particulièrement le cas au Burkina Faso doté de nombreux partis politiques, syndicats révolutionnaires ou réformistes. Un pays qui a chassé, il y a 3 ans, son président Blaise Compaoré dans une révolution démocratique.
La rencontre du Président Macron avec la jeunesse à l’université de Ouagadougou a tenu ses promesses et les échanges ont été francs et amicaux comme on dit dans la diplomatie.
Le Président a souligné les liens historiques entre les deux pays et le fait que l’on devait les prendre dans leur ensemble, les bons et les mauvais aspects.
Il a rappelé que l’Afrique devait faire face à trois défis : le terrorisme, la crise climatique et démographique. La France, qui aime tant donner des leçons, est bien en retard en matière d’aide au développement et sa contribution n’a cessé de diminuer depuis 15 ans. Il a fallu attendre 2016 pour que François Hollande décide une croissance significative, qui devrait se poursuivre pour atteindre 5,5% du Pib en 2022 (les autres grands pays de l’OCDE sont à 7% conformément aux engagements internationaux).
De manière symbolique, il a promis l’ouverture des dossiers concernant l’assassinat du capitaine Thomas Sankara, devenu une idole de la jeunesse africaine. Il a aussi promis de rendre certaines œuvres d’art ou du patrimoine national voltaïque. Certes l’intention est louable mais la boîte de Pandore ainsi ouverte ne sera pas facile à refermer.
Un point important est l’engagement européen de la France illustré par l’Alliance pour le Sahel (Allemagne, Union européenne, Banque Africaine de Développement). Le Président a aussi souligné l’importance de l’éducation des jeunes filles, seule route possible pour s’émanciper et devenir actrices de leur destin.
Au total, une visite qui a plutôt conquis le cœur des Burkinabé.